Chapitre 31 : Jamie

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Une migraine n'est pas la manière la plus agréable d'être réveillé. Je pourrais promettre que je ne boirai plus jamais comme hier soir, mais ce serait un mensonge éhonté. Je finirai par recommencer. C'est toujours une bonne chose d'être honnête avec soi-même.

En plus du mal de crâne, j'ai l'impression que les muscles de ma nuque et de mon dos sont en feu. C'est probablement parce que j'ai passé la nuit sur le canapé du salon. L'espace d'un instant, j'avais oublié que Matthias était allongé à mes côtés, une main posée sur mon torse. Lorsqu'il est venu pour notre rendez-vous hier soir, nous avons regardé un film ensemble, emmitouflés sous un plaid. Vu l'heure tardive, je lui ai proposé de rester dormir ici. Et apparemment, nous sommes tombés de fatigue avant la fin du film.

En voyant Matthias aussi paisible contre moi, mon cœur se remplit instantanément de bonheur. J'en oublie presque ma gueule de bois. Je dis bien presque. Il me faut encore une bonne dose de paracétamol. Mais je n'ose pas bouger, par peur de le réveiller.

Une dizaine de minutes plus tard, les paupières de Matthias s'agitent. Je peux voir à l'expression sur son visage qu'il est aussi désorienté que moi. Mais quand ses yeux trouvent les miens, il m'offre un grand sourire.

— Bonjour, dit-il d'une voix encore embrumée par le sommeil.

— Bonjour, répété-je. Bien dormi ?

— Pas trop mal. Je ne sais pas si on te l'a déjà dit, mais tu es assez confortable.

— Si, on me le dit très souvent. Je l'ai même ajouté à mon CV. Et toi, on t'a déjà dit que tu ronflais ?

Matthias a un mouvement de recul, comme si je venais de lui annoncer que j'avais contracté la lèpre. Son expression indignée vaut tout l'or du monde.

— Je plaisante, dis-je finalement. Tu es un dormeur très silencieux. À part les choses étranges que tu marmonnes. Ça c'est un peu...

Ma tentative d'humour est interrompue par un petit coup de poing dans l'épaule.

— Je te déteste, dit Matthias avec un petit rire.

Derrière la porte, ma sœur attend patiemment, deux gobelets en polystyrène à la main. Elle me tend l'une d'entre elles en souriant. Elle est déjà apprêtée pour une journée de travail, même si la journée précédente s'est probablement terminée il y a moins de dix heures.

— Tu sais, tu n'as pas besoin de frapper, dis-je après l'avoir remerciée pour le chocolat chaud. C'est ton appartement.

— Tu es comme un locataire. Je ne veux pas envahir ta vie privée. Je suis seulement venue vérifier que tu tenais le coup.

— Je vais plutôt bien, compte tenu des circonstances.

Je me pousse pour laisser entrer Olivia. Il lui faut moins de vingt secondes pour repérer Matthias derrière l'îlot de cuisine. Elle se tourne vers moi, les yeux écarquillés et la bouche légèrement ouverte.

— Je veux tout savoir, dit-elle d'un ton passionné. Comment il s'appelle, ce qu'il fait dans la vie, comment vous vous êtes rencontrés, et...

— Je croyais que tu ne voulais pas "envahir ma vie privée" ? interromps-je.

— C'était un mensonge. Crache le morceau, Jamie !

— Il s'appelle Matthias. Il est étudiant. Et c'est tout ce que je dirais pour le moment.

— Très bien. Je vais aller chercher les informations à la source, alors.

Olivia fonce tout droit vers la cuisine, visiblement déterminée à rencontrer Matthias, que je le veuille ou non. Les deux ne tardent pas à discuter comme s'ils étaient de vieux amis qui rattrapaient le temps perdu. Matthias invite même Olivia à manger avec nous. Il cuisine des œufs brouillés et des pancakes pour tout le monde.

Les assistantsWhere stories live. Discover now