Chapitre 14 : Charlotte

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Lorsque j'arrive au rez-de-chaussée, c'est comme si la soirée d'hier n'avait jamais eu lieu. Le sol en marbre est étincelant, les meubles ont retrouvé leur place d'origine et les restes de nourriture sont désormais disposés dans des petites boîtes en plastique. Je me dirige immédiatement vers la cuisine pour mon café du matin. Je dois me rendre à Lockhart Investigations pour travailler sur le morceau de papier, et cela risque de prendre toute la journée. J'ai réfléchi à ces chiffres toute la nuit, mais je n'ai pas la moindre idée de ce qu'ils peuvent représenter. Pourquoi Rachel a-t-elle ressenti le besoin de les cacher ? Que signifie ce symbole qui continue d'apparaître ? Est-il directement relié à Rachel ? Ou était-il en sa possession à cause de sa relation avec Jonas ?

Beaucoup trop de questions, et toujours aucune goutte de caféine dans le sang.

Je m'installe sur l'un des tabourets hauts qui entourent l'ilot de cuisine, ma tasse entre les mains. Mon père est assis en face de moi, en pleine lecture du journal du jour. Il doit être l'une des dernières personnes sur terre à préférer la presse écrite. Il dit que la sensation n'est pas la même sur une tablette numérique. Je sais, c'est ironique de la part du magnat de la télécommunication. Mais quand je lui fais remarquer cette incohérence, il me répond en citant un poème de Walt Whitman. Est-ce que je me contredis ? Très bien donc, je me contredis. Je suis vaste, je contiens des multitudes.

Ce à quoi je réponds toujours qu'il n'est qu'un frimeur.

Le calme de la pièce est vite perturbé par l'irruption de Laurel. Elle paraît si bouleversée qu'on pourrait presque croire que quelqu'un est en train de faire une crise cardiaque dans notre salon. Mon père pose son journal dès qu'il voit son teint blafard.

— Qu'est-ce qui se passe, chérie ? demande-t-il d'un air inquiet.

— Ça a recommencé, Victor, répond Laurel de manière énigmatique. Je vérifiais que rien n'avait disparu hier soir, et je me suis rendu compte que ma broche en or n'était plus là. Celle en forme de fleur que tu m'avais offerte en Italie.

Pas de crise cardiaque. Seulement ma belle-mère et son côté théâtral. Mon père n'a pas une réaction aussi extrême que Laurel, ce qui semble particulièrement agacer celle-ci. Il pose délicatement ses mains sur les épaules de ma belle-mère, comme pour lui signifier qu'il est préférable de garder son sang-froid.

— Pas de panique, articule mon père. Tu es certaine qu'elle n'est pas quelque part dans tes affaires ? La femme de ménage l'a peut-être simplement déplacée en nettoyant...

— Non ! rétorque Laurel d'un ton ferme. Quelqu'un l'a volée pendant la soirée. C'est comme les fois précédentes. Bon sang, je pensais que nous en avions terminé avec tout ça...

— Ne t'en fais pas. On va contacter l'entreprise qui a géré la cuisine et le service, et on va leur demander si leurs employés n'ont rien vu de suspect. On pourra préciser qu'on ne portera pas plainte si la personne responsable vient nous restituer la broche de son propre chef. D'accord ?

Mon père passe encore plusieurs minutes à calmer Laurel, mais je ne prête plus attention à leur conversation. Je ne peux m'empêcher de me demander si ces disparitions d'objets représentent une pièce du puzzle que j'essaye désespérément de résoudre.


Nous passons la matinée à chercher la signification de la série de chiffres. Sans résultat. Evan fait des recherches sur son ordinateur pour trouver le meilleur moyen de la décoder. Alyssa passe en revue les anciens dossiers de Lockhart dans l'espoir d'obtenir une idée brillante. Je voudrais les aider, mais je ne sais pas vraiment quoi faire.

Afin ne pas empiéter sur leur espace de travail, je demande à Jamie de m'apprendre à manier des couteaux. Il a piqué ma curiosité lorsqu'il a dit qu'il savait les utiliser comme armes de défense. Le but de ma requête est principalement de se distraire, mais Jamie me regarde comme si je lui avais annoncé que son compte en banque était à nouveau rempli. Il ne perd pas une seule seconde. Il bondit de sa chaise et me dit de le suivre.

Les assistantsDove le storie prendono vita. Scoprilo ora