✝ 𝕻𝖗𝖔𝖑𝖔𝖌𝖚𝖊 ✝

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Alaska

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Alaska. Je suis de retour en Alaska. Fini les chaleurs étouffantes d'Afghanistan, fini les moustiquaires et les folles transpirations dans les rues de Kandahar... Et bienvenue le froid et les flocons de neige. Je regarde autour de moi, cramponné au volant de ma voiture comme un chevronné, tout en sifflant au rythme de la musique qui passe à la radio. Un petit air country mêlé au gospel transperce le silence qui sévit dans ma voiture depuis que j'ai déposé ce gars que j'ai rencontré à l'aéroport d'Anchorage. Je ne fais pas ça, d'habitude, je n'ai pas une bonne âme, je suis plutôt du genre à dire que si tu n'as pas un moyen de déplacement, et bien tu n'as qu'à pas te déplacer.

Mais là, c'était différent, je n'avais pas envie de rester trop longtemps seul avec ce fait fatidique : je rentre chez moi.

Chez moi.

Hm.

C'est encore drôle à dire.

Après deux ans passé dans le Moyen-Orient, où je me suis forcé à me dire que je ne reviendrai plus jamais, que je reverrai jamais ces neiges éternelles, ni ces foutus habitants qui m'ont mis la misère dès la première seconde de ma stupide vie... Enfin bref. Ouais. Je ne pensais jamais revenir.

En même temps, je n'avais pas vraiment intérêt.

Et je crois que je suis vraiment masochiste d'oser repointer le bout de mon nez à la base militaire Orfield.

Mes doigts se serrent à nouveau sur le cuir de mon volant et je peine à ne pas l'arracher d'un coup sec, tant je suis nerveux.

Calme-toi, Mad.

C'est après avoir pris une grande inspiration que j'essaye de me concentrer sur la route devant moi. Entre deux frottements de mes essuie-glace, je perçois le halo de la lune, transpercer les cimes des grands sapins enneigés qui bloquent quasi totalement la vue du ciel. L'auréole du satellite doit être vraiment puissant pour percer les nuages chargés de neige. Une neige qui ne semble s'arrêter au fur et à mesure que je roule. Je m'engage dans un virage et un petit frisson me parcoure l'échine lorsque je sens mes pneus glisser légèrement. Je tourne pile avant que le nez de mon pick-up rentre dans le tronc d'un sapin et reprend la route.

Je n'ai vraiment plus l'habitude.

Je reprends mon souffle et retire mon bonnet de ma tête. Il fait un froid de canard et le chauffage de la voiture réchauffe à peine mes genoux, mais tant pis. Je mets la musique un peu plus haut et je me laisse bercer par la voix profonde du chanteur dont les intonations résonnent dans ma tête comme une incantation. Pareil, ça aussi, ça faisait longtemps que je n'en ai pas entendu... La musique, c'étaient mes frères d'unité qui s'en chargeaient. Et entre les morceaux de rap trash qu'écoutait mon voisin de lit et le rock and roll agressif de notre capitaine, le country était devenu qu'un vague souvenir.

Alors ce morceau, cette voix enchanteresse, cet enregistrement qui doit dater des années '50, ça me fait sauter deux ans en arrière... Une époque où je profitais que mon meilleur ami n'était pas en caserne ou au bar et que je sortais de chez moi pour aller me trousser sa femme.

Until Heaven ✅Where stories live. Discover now