Le lieutenant Madden Eastley a tué exactement 147 personnes dans sa vie, a couché avec la femme de son meilleur ami, l'a quitté lorsque celui-ci s'est suicidé... en bref : il mérite d'aller en enfer.
Quelque chose qu'il finira très vite par faire, c...
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Un rayon de soleil. La chaleur caresse ma joue et je me surprends à m'enfoncer avec délice dans mes draps. C'est comme se retrouver dans les bras doux d'une mère aimante. Mes doigts ripent sur le tissus, mais quand mes paupières papillonnent pour s'ouvrir... Tout ce que je vois, c'est cette maudite chambre, plongée dans la lumière étrange du vitrail.
Et bien sûr, Gabrielle, debout dans l'embrasure de la porte ouverte.
— Bordel, tu ne peux même pas me laisser dormir !
— Ce que tu fais, Madden, ce n'est pas dormir.
— Ah non ?
Tandis que je me redresse en attachant mes cheveux dans un chignon pitoyable, elle vient prendre place sur l'un des petits sièges en velours en croisant ses jambes.
— Non. Ton âme s'éteint pendant la seconde éternelle que la journée change.
— Quoi ?
— A ta mort, ton âme a quitté ton corps, pas vrai ? Une âme ne peut pas se retrouver dans le néant. Cet endroit, il est conçu pour que tu puisses avoir un abris, le temps qu'on décide où tu iras. On est perdus aux confins du temps. Il n'y a pas d'avant, pas d'après, seulement un processus. L'équivalent humain de dix jours.
Je repousse lentement les draps et vient me planter en face d'elle, les sourcils froncés sous l'incompréhension.
— Alors qu'est-ce qui se passe quand les journées changent ?
— Ton avancement est pris en compte par le Haut Comité. Et ton âme... Attends en enfer.
Mes épaules s'affaissent lorsqu'elle énonce le dernier mot comme si c'était un placard.
— En enfer.
—On ne laisse pas des âmes à moitié purgés au paradis.
— Comment ça se fait que je ne le vis pas ? L'enfer, je veux dire.
— Parce que quelqu'un s'occupe de ça. Tu ne vivras l'enfer que si c'est ton jugement final.
— Qui s'occupe de... ça ?
— A ton avis ?
Je m'apprête à répondre, mais Gabrielle se relève en boutonnant sa veste noire sur sa blouse.
— Viens. On y va.
***
Les mains enfouies dans les poches, je suis l'archange dans le couloir. Tout ce que j'ai vu la veille, y compris le portrait de Dante, a disparu. C'est comme si ce lieu nous épie de partout... La Maison Grise est un endroit où l'expression "les murs ont des yeux" se confirme.
— Tu as dit que mon avancement a été pris en compte par... Euh...
