Until Heaven ✅

✝ 𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖛𝖎𝖓𝖌𝖙 𝖈𝖎𝖓𝖖 ✝

Mes pas sont primitifs, lorsque je regagne le couloir. L'eau bénite dégouline de la pointe de mes cheveux et s'égoutte dans un petit bruit clapotant sur le tapis brodé d'or. Plus j'avance, moins les lumières diffusent leurs halos funestes.

Mais ce n'est pas à ça, que je prête attention. Mais plus à ce moment de pur péché que j'ai partagé avec Mad.

Et à l'intrus. L'homme en costume. Ses crocs luisants, sa peau pâle, ses yeux pourpres... L'homme dont j'ai un vague souvenir...

Celui qui avait été là. Un peu avant Azrael.

Je déglutis, titubant contre le mur et lorsque je baisse la tête sur le sol... Que les gouttes tombent à nouveau... Elles s'évaporent. Elles touchent bien le tapis, mais dans une fine brume, elles viennent dégager une odeur de soufre.

Et lorsque je redresse le regard, les chandeliers ne se sont non seulement retournés, mais se décrochent du mur. Ils... Tombent. Les bougies s'écroulent sur le tapis, éteintes. Je recule, comme assaillis par eux, mais mon dos percute un torse.

— Tu comptes aller quelque part, suicidée ?

Je me tourne brusquement et fait face à un homme assez âgé. Enfin, je n'en sais rien, à vrai dire. Les cheveux blancs qui ornent ses tempes me l'indiquent. Mais il n'a aucune ride. Même lorsqu'il plisse ses petits yeux de feu, rien ne vient orner sa peau. Absolument rien. Sa carrure est moyennement musclée. Pile assez pour prendre place dans sa chemise noire, ouverte sur un col qui dissimule un tatouage caché.

— Je...

— Tu ?

Je recule le pas qu'il m'a volé et déglutis.

— Laisse-moi deviner... Le Diable ?

— Non. Non, Rhym et tu le sais, qui plus est... Tu l'avais déjà rencontré. Tu sais à quoi il ressemble.

Je referme la bouche et il se redresse. Il énonce ses mains dans les poches de son pantalon, tenue par une ceinture plus noire encore que le restant de ses habits.

— J'ai un autre nom. Plus ancien, pour certains. Un mythe, pour d'autres.

— Certains s'appellent John ou Kyle, mais un mystère comme ça, c'est bien aussi.

L'homme ricane dans la fine barbe qui parsème ses joues au teint halé et oblique mon pas. Je le regarde prendre de l'avance. Si je me tourne... Il y n'y a que le couloir. Il n'y a aucun échappatoire. Merde, j'ai fugué de l'homme en costume pour me retrouver avec un autre. Mais quelque chose me dit qu'il n'est pas du genre à lâcher prise.

— Dis mon nom, Rhym.

Il se tourne à demi et un sourire vient orner ses lèvres. Merde, un peu plus et il ressemble à Monsieur Mercredi lorsqu'il vient à la rencontre d'Ombre. Une aura mauvaise s'échappe de lui. Si le doute et le chagrin avaient une odeur, ce serait la sienne. Je sens même le bout de mes oreilles se chauffer tant l'oppression me gagne.