✝ 𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖖𝖚𝖆𝖗𝖆𝖓𝖙𝖊 𝖊𝖙 𝖚𝖓 ✝

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Je ne peux m'empêcher de jeter des coups d'yeux derrière moi

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Je ne peux m'empêcher de jeter des coups d'yeux derrière moi. Madden et Briar finissent bien par s'estomper dans ce couloir sombre, mais je souris quand même et toujours. Sachiel en est agacé et je le sais, je le sens. Mais tant pis pour lui. Je trouve que les voir ensemble en train de rire, c'est tout ce qu'il me faut pour redonner le courage nécessaire pour me matérialiser devant l'une des portes que je suis censée ouvrir. Mes mains toujours perdues dans mes poches, je sonde les inscriptions qui gravent son bois grisé.

— Qu'attends-tu ?

— Tu es pressé, Sachiel ? Laisse-moi deux secondes avant que je ne te montre tout ça.

Répliqué-je en grognant. Le séraphin s'appuie lourdement entre deux chandeliers et à son contact, les bougies augmentent en intensité. Je les regarde grimper le long du mur, sans laisser une seule ombre derrière elles. C'est magnifique, n'est-ce pas ? Les flammes, comme les archanges dans les miroirs du couloir doré, n'ont pas de reflets. Une fatalité sans traces.

C'est encore plus exaltant que la Mort elle-même.

Je finis par me tourner vers Sachiel qui patiente comme une gargouille sur sa cathédrale et plisse légèrement les paupières.

— Je ne peux pas ouvrir cette porte.

— Pourquoi ?

Parce que rien ne sera plus pareil.

— Rien n'a jamais été pareil. C'est ça, la merveille de la vie et du temps.

Sa riposte me force à baisser le bout de mon nez vers le sol. Il se décroche du mur et pose sa main sur la poignée de la porte. Il l'ouvre doucement et un néant envahissant me fait face.

— Voilà. J'ai fait le plus dur, pour toi. Tu sais aussi bien que moi que je ne te laisserai pas l'affronter seule. Je te l'ai toujours dit. Et c'est ça, la différence, par rapport à la première fois.

Il pose son autre main sur mon épaule et m'adresse un sourire que je n'ai jamais vu apparaître une seule fois sur ses lèvres. Je me concentre donc et bientôt l'espace funèbre s'évapore pour laisser place à la funeste cuisine d'Ian. D'un pas fébrile, je rentre dans la soirée australienne et une fine brise vient essuyer mes cheveux de ma nuque. J'oblique un petit regard vers la fenêtre ouverte qui donne sur la rue. J'ai toujours détesté cet appartement. Pour y être resté la plupart de mes journées, je n'avais de la mer, que l'odeur pourrie. On était pas loin des ports. Mais en effet, à part les cris des mouettes et le vacarme des touristes... Il n'y avait pas de vue.

Et j'avais vu l'océan une fois. Une unique fois, avec Ian. Et ses eaux m'obsédaient autant que les diamants que Mason ne me montrait jamais.

Je me tourne vers la table de la cuisine éclairée par une seule et unique lampe et m'aperçois en train d'ouvrir un paquet de pain. Il y a d'autres ingrédients sur la table. Des tomates, de la salade, du bacon, de la mayonnaise... Ouais. J'ai oublié de dire ça, à Azrael. J'aimais occasionnellement manger un bon sandwich, à quatre heures du matin. Je redresse la tête vers mon reflet qui fait peine à voir. Les bleus marquent son corps, comme un puzzle fragmenté. Des traces parsemées, violaçant la teinte porcelaine de sa peau qui révèle des muscles crispés. Chaque geste est effectué avec prudence et méfiance. Comme si cette petite feuille de salade allait la trahir aussi.

Until Heaven ✅Where stories live. Discover now