✝ 𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖛𝖎𝖓𝖌𝖙 𝖊𝖙 𝖚𝖓 ✝

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C'est une main sur ma joue qui me fait enfin redresser la tête du tapis

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C'est une main sur ma joue qui me fait enfin redresser la tête du tapis. Dans un petit sursaut, je me tourne et fiat face à Madden complètement affalé sur le rebord du fauteuil. Un sourire vient orner ses lèvres et il retire sa main de mon visage.

— Dure journée ?

— Quatre n'a jamais été mon chiffre favori.

— Ah oui ? Lequel alors ?

— 11. Le chiffre de l'enfer.

Son sourire s'efface et il plonge son nez dans ses bras repliés. Les manches de son t-shirt se crispent sur ses muscles bandés et ses veines semblent se mettre à pulser. Ironique.

On n'a pas de cœurs.

— Toi ?

Tandis que je continue de me redresser, lui, vient s'écrouler sur la place vide à mes côtés. La lumière des vitraux reflète sur son visage et fait apparaître quelques petites taches de rousseur sur son nez et le haut de ses joues.

— Tu crois qu'on peut tuer un archange ?

Je frétille un instant sur place et laisse tomber ma tête contre son bras. À défaut de sentir concrètement, il a une odeur qui ne se définit pas par les bonheurs du monde. Il sent... Comme sentirait une émotion. Une émotion qui me submerge agréablement et me fait cligner des paupières, avec torpeur.

— Donc... Ce qui s'est passé... Entre nous. C'était...

Je rouvre les yeux et fait face à sa mine confuse.

— Je ne comprends pas non plus.

— Ah.

Il semble déçu. Ses mains se crispent sur les pans de son pantalon blanc et je m'empresse de me corriger.

— Non, non, je veux dire que...

— Ouais.

— Voilà. Mais c'était...

Je referme la bouche et on se regarde dans le blanc des yeux. Le silence est assourdissant et le malaise s'installe. Un malaise qu'il finit par briser en pressant ses lèvres contre ma tempe. Celle que j'avais explosé en me suicidant.

— Ouais.

— Ouais.

Sa main vient dégager les mèches de ma nuque et je me laisse transporter par la douceur de ses doigts sur ma peau. Putain.

Je ne devrais pas ressentir ça, pas vrai ?

On est morts. Tous les deux. On est des âmes et je ne sais même pas ce que ça veut dire. Tantôt on est humains, tantôt du sang noir comme l'onyx coule de nos tympans. Et pourtant, lorsque ses doigts se pressent sur ma peau, mon corps tout entier semble se mettre en alerte. Il n'y a pas de peur, pas de méfiance, merde même plus de prudence. Une seconde de plus et j'ai l'impression qu'il ravive une flamme en moi qui s'est éteinte bien avant ma mort. Le silence que nous partageons me sied au point où je me blottis encore plus contre lui. Je le sens hésiter lorsque je pose ma joue sur ses genoux, mais il finit par poser ses bras sur les miens. Il étend les jambes sur le tapis et souffle en basculant la tête en arrière.

Until Heaven ✅Where stories live. Discover now