Le lieutenant Madden Eastley a tué exactement 147 personnes dans sa vie, a couché avec la femme de son meilleur ami, l'a quitté lorsque celui-ci s'est suicidé... en bref : il mérite d'aller en enfer.
Quelque chose qu'il finira très vite par faire, c...
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Je referme la porte de la suite de Madden avec autant de douceur que possible, mais lorsque je me tourne vers le couloir...
Je tombe nez à nez avec Lucifer.
Lucifer est l'archétype de l'imperfection, en général. Son narcissisme se voit dans ses épaules droites, son cou haussé et cet éternel rictus maléfique sur ses lèvres.
Mais là...
Non.
Il tient sa veste noire dans sa main, le bout de son nez est rivé sur le sol... Et la lueur Andrinople qui a imprégné ses yeux à la naissance s'est éteinte.
Il n'y a que de l'obsidienne.
— Luci ?
— Hm ? Ah, Gaby. Tu es là.
— Tu vas bien ?
— Toujours.
Gronde-t-il en invoquant sa cane au pommeau argenté. Il m'emboîte le pas pour passer, mais je le rattrape par le poignet.
— Tu es peut-être le seigneur des mensonges, mais tu sais bien que je vois à travers ton âme.
— Faux. Je n'en ai pas, chère sœur. À présent lâche-moi.
— Jamais.
Ma persistance le fait souffler, mais je souris. Je sais très bien que je suis la seule membre de sa famille qui arrivera toujours à lui faire face. Sa puérilité et son instabilité ne me sont pas inconnus et je le sais, mieux que quiconque. Pour quelqu'un qui a vu sa déchéance de si près, qui retient son sang en abondance sur mes mains...
Je suis liée à lui, et ce, à jamais.
— Nous n'allons pas bien. Tous les deux.
— Ce n'est pas pour rien que ce sont les séraphins qui s'occupent des humains, n'est-ce pas ?
Fait-il enfin, en lâchant un soupir si orageux que j'ai l'impression que le couloir entier se fera emporter. Et le pire, c'est qu'il a cette force. En faisant un sacrifice, je lui ai donné ce pouvoir.
Mais je garde bon espoir que Lucifer n'agit que pour m'aider.
Même si sa fourberie est connue de tous.
— Et si nous allions discuter, Lucifer ?
— Discuter ? Comme deux foutues gonzesses après une misérable rupture ? Sans façon.
— Pour moi. Fais ça pour moi.
— Je fais déjà beaucoup pour toi.
— Et ce que je te demande maintenant, est infime, par rapport à ce service.
Objecté-je en lorgnant le collier qui pend à son cou pâle. Il baisse ses yeux sur le petit flacon contenant mon sang et dans un sourire ironique, m'indique le bout du couloir qui mène à l'escalier en spirale.
