✝ 𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖛𝖎𝖓𝖌𝖙 ✝

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L'odeur

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L'odeur. C'est ça qui me fait frissonner. Quelque chose d'âpre, violent, presque. Du feu, mais pas n'importe lequel. C'est chimique.

Je plonge mon nez dans le col de mon t-shirt pour m'en protéger, même si je ne pense pas que l'odeur avait un jour quitté mes narines.

Des couloirs se forment autour de nous. Délabrés, les plafonds écroulés laissent des fragments de pierre un peu partout. Il n'y a pas de portes, pas de fenêtres, mais la lumière de la Lune arrive à frayer son chemin entre les plafonds déchirés.

Les moustiques. Le froid qui a suivi une chaleur étouffante, l'odeur de transpiration refroidie agrémentée de cette pointe nauséabonde de chimie, les décombres...

Pas de doutes.

On est au Liban. Beyrouth.

Putain de Beyrouth.

La violente envie de prendre mes jambes à mon cou me prend... Mais bordel. En me tournant vers Gabrielle, je sais lire dans ses foutus yeux de divinité que c'est ce qu'elle cherche. Elle veut me pousser à bout.

— Beyrouth.

— Beyrouth.

— Dis-moi, archange. Qu'est-ce que j'ai bien pu oublier, ici ? Alors que j'ai vécu cette scène toutes les nuits de mon existence, après ?

— Tu verras.

Elle me contourne en emboîtant mon pas et disparaît dans le couloir. Il n'y a plus que moi, les décombres... Et cette foutue odeur que je ne peux échapper.

Je passe doucement les pièces, les connaissant sur le bout de mes doigts pour les avoir habité pendant des jours d'affilée. Il n'y a pas que la transpiration qui déchire les effluves chimiques. Celle de la pisse aussi. Ouais. On était loin d'être propres. On mangeait nos dernières provisions, écorchaient nos coudes, nos genoux, nos fessiers sur les décombres, afin de rester silencieux, un minimum.

Je veillais au moins à ce que mes hommes ne manquent de rien. Qu'ils puissent retourner en un seul morceau.

Sur l'un des paliers, je m'arrête lorsque j'entends des voix étouffées. Des rires discrets, des insultes peu gracieuses. Nous, quoi. Je pince mes lèvres, passe une main nerveuse dans mes cheveux et après les avoir proprement rattachés, je décide enfin de passer les charnières arrachées.

On doit être cinq. Le pénombre ne fait qu'apparaître quelques paires d'yeux ainsi qu'une cigarette.

Foutu Hopkins. Il n'avait jamais pu arrêter de fumer pendant une seule seconde. Même en plein affront, il ne cessait de se tenir à son mégot, plus qu'à son arme, même.

Et pourtant...

Je m'appuie sur l'embrasure lorsque je vois mon reflet se mettre debout. Le casque vrillé sur la tête, les yeux couverts des jumelles nocturnes... Prêt en toute circonstances, comme je le disais. Sa radio fixée sur l'épaule se met à grésiller et une voix profonde en sort.

Until Heaven ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant