✝ 𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖉𝖎𝖝-𝖓𝖊𝖚𝖋 ✝

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Laissant le blanc de l'Arbre de Vie derrière moi, je retourne à ma grisaille

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Laissant le blanc de l'Arbre de Vie derrière moi, je retourne à ma grisaille. Le pas traînant, le son de mes baskets blanches retentissants dans la vaste cathédrale écorche violemment le silence de pierre. Les autres âmes passent leurs épreuves, tandis que moi, je me retrouve à ruminer ces mille questions existentielles que les archanges s'amusent à balancer.

En baissant le bout de mon nez vers mes pieds, mes cheveux viennent se déverser devant mon visage, bloquant ainsi ma vue et lorsque je les déblaie... Je me retrouve à nouveau dans l'alcôve de lumière. Seule, je viens prendre place dans l'un de ces petits fauteuils en velours gris et m'y affale avec l'élégance d'un sac de pommes de terre. La longueur de mes mèches atteint le sol tapissé. Je commence à être malade de toute cette grisaille. Du plafond aux carreaux cryptés par la religion, je n'en peux plus. C'est comme si je me suis retrouvé du jour au lendemain daltonienne. Pourtant, nos tenues blanches, la lumière aveuglante, l'or exponentiel de la Chapelle du Soleil et de la Lune... Il y a des extrêmes un peu partout. Peut-être s'agirait-il de refléter la qualité d'une âme humaine...

Vide et insignifiante avec des bribes extravagantes ?

Je rouvre les paupières sur le plafond aux voûtes granitées et tends ma main vers les courbes et les ornements. La Maison Grise semble être dessinée à la main.

À croire qu'en mourant, Michel Ange s'est chargé du design, de l'architecture de ces lieux.

C'est magistral et cependant lassant. Comme la plupart des choses ici.

Je me retourne dans le fauteuil et plaque ma joue contre le petit coussin du fauteuil. Mon regard rivé sur les vitraux, mes yeux sillonnent les bordures jusqu'à l'halo de lumière apaisant qui vient d'en haut. Le paradis. Quelle vaste blague. Madden a raison, nous n'y irions pas. On ne peut pas se laisser guider par les mensonges des archanges.

En repensant à lui un sourire vient orner mes lèvres. Je tente d'arrêter, mais il y reste coincé. Je tente de m'enfoncer dans le fauteuil, mais une agréable sensation s'empare de moi, quelque chose que je ne peux échapper.

- Putain...

Pourtant, une pointe d'amertume suit. Un goût fade qui emplit ma bouche et ramène en galopant ma peine. Et alors que mon sourire s'évapore de mes lèvres, je me remémore les paroles de l'archange armé. Mikaël comme Azrael avait semblé tranchant sur les valeurs de la vie. Des valeurs que j'ai depuis longtemps oublié. Ou peut-être que je n'ai jamais cru en eux. Qui sait ?

Mais j'irais en enfer. Et je le reverrai... Lui.

***

Sydney, trois ans auparavant

On a donc fui. Dans la nuit noire, on est partis. Je n'avais pas arrêté de trembler alors que Mason, de sa poigne de fer, prenait tout sur lui. Il m'a emmenée à l'aéroport, a choisi une destination... Mais je n'ai su où l'on allait que lorsque nous sommes arrivés. J'étais tellement aveuglée, figée sur mon siège, que je ne remarquais plus rien. Le temps, les gens s'étaient arrêtés autour de moi. Je vivais les secondes comme si elles étaient des années. Puis lorsque nous étions arrivés et que dans la nuit silencieuse, j'avais senti une brise marine...

Until Heaven ✅Where stories live. Discover now