quarante-quatre

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Karen fixait la petite clé avec de grands yeux effarés tandis que Leigh se trouvait bien incapable de contenir son euphorie. Obligée de parler bas, la jeune femme exultait en chuchotements.

- Elle m'a répété "police d'assurance" plusieurs fois ce soir-là, au cas où je ne saisirais pas directement le lien avec la NRF ! Avec le gala, avec Zulaj et le début de toute cette histoire... Bordel ! Tu te rends compte, son raisonnement était génial ! J'ai failli passer à côté en plus ! Si tu n'avais pas été là....

Leigh sentit les larmes lui monter aux yeux et ne fit rien pour les retenir. Son humeur s'effondra à nouveau.

- Je ne sais même pas ce qu'il y a dans ce coffre... Si ça se trouve d'autres sont passés avant et il n'y a plus rien. Ou alors tout est là mais ça ne nous servira à rien...

Leigh releva la tête et Karen croisa son regard empli d'une soudaine détresse que rien ne semblait pouvoir atténuer. Elle s'approcha et la prit dans ses bras, passant la main dans le dos de Leigh.

- Pour l'instant on n'en sait rien. Ce qui compte, là tout de suite, c'est de sortir d'ici, souffla-t-elle doucement. Parce que ce qui est sûr, c'est qu'en taule on ne sera d'aucune utilité à Anja. Prends la clé, on va s'occuper de ça, on va faire de notre mieux. C'est ça le plus important. Viens.

Karen l'entraîna à sa suite et elles quittèrent l'appartement, laissant tout en plan tel que c'était. Après tout, personne ne risquait de se rendre compte que le désordre avait changé de place.

******

Le lendemain matin, Leigh se réveilla dans la chambre vide en entendant distinctement Thomas et ses sœurs papoter dans la pièce à vivre.

Lorsqu'elle émergea dans la pièce, Thomas l'embrassa sur la joue et l'attira contre lui. Elle ne le repoussa pas. Depuis les incidents du week-end où elle avait fui le trop-plein avec Anja puis l'agression de celle-ci, leur couple ou plutôt ce qu'il en restait se trouvait dans une configuration jamais expérimentée auparavant. Leigh vivait le quotidien comme anesthésiée, parlant d'un ton morne, réagissant à peine, et Thomas tentait de se montrer le plus prévenant possible.

Il avait lui-même semblé particulièrement affecté par le sort de la journaliste, son chagrin sincère avait pris Leigh au dépourvu sans qu'elle ne lui en montre rien. Décidément, il semblait qu'elle ne comprendrait jamais vraiment la relation étrange qui liait ces deux-là.

- Alors comme ça, il paraît que tu es rentrée tard hier soir ? la taquina-t-il.

Elle lui répondit dans un sourire las :

- J'ai passé la soirée avec Karen.

Ce qui, en théorie, n'était pas faux.

Leigh se dégagea doucement de l'étreinte et s'éloigna vers la cuisine pour se servir un verre d'eau. Nonchalamment, elle précisa à l'attention de Thomas :

- Au fait, j'irai en ville cet après-midi, je dois passer à la banque.

- Tu veux que je t'accompagne ? demanda-t-il.

L'intention se révélait bonne, mais c'était la dernière chose que Leigh souhaitait à cet instant.

- Non merci, j'en profiterai pour marcher un peu, prendre l'air, enfin tu vois...

Le jeune homme acquiesça en souriant.

L'époque était loin où l'un et l'autre se chamaillaient en permanence. La vie se montrait suffisamment rude ces derniers temps pour qu'ils aient appris à éviter les disputes inutiles, quitte à ne plus discuter de ce qui s'avérait réellement important.

Éblouissante [gxg]Where stories live. Discover now