onze

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- Putain mais quelle connasse ! Non mais pour qui elle se prend, sérieusement ?

Karen avait fait un petit bond d'agacement sur sa chaise et n'avait pu contenir sa réaction.

- Elle a été tellement horrible que j'ai failli pleurer dans le métro...

- Tu m'étonnes, je savais bien que j'aurais du passer te prendre quand tu m'as appelée hier.

- C'est trop bizarre, intervint Amandine, elle s'était à peu près bien comportée quand vous vous étiez rencontrées les deux autres fois non ?

- Tu sais, au total on s'était parlé une petite heure à peine... Elle semblait avoir un léger grain, mais rien de terrible.

- T'aurais du écouter Thomas, il t'avait mise en garde contre elle.

- Oui, enfin il lui a dit « ce n'est pas quelqu'un de très bien », pas que c'était une garce à ce point, la défendit Karen.

- En attendant, si c'est soi-disant une amie de ses parents, ils ne vont pas être contents d'apprendre comment elle t'a humiliée tout à l'heure, enchaîna Amandine en se tournant vers Leigh.

- Je devrais aller trouver ma future belle-mère et pleurnicher dans ses jupons ? Non mais tu plaisantes...

Personne ne répondit pendant quelques secondes, le temps pour Leigh de goûter le cocktail que le barman avait déposé devant elle une bonne dizaine de minutes plus tôt.

- Au final c'est Thomas qui va être ravi, lui qui ne pouvait pas la saquer... reprit Amandine. Tu sais qu'il m'en avait même parlé, il s'inquiétait vraiment et comptait sur moi pour te "protéger" d'elle.

- Attends, quoi ?!

- Tu es mon amie, tu pensais quoi, que j'allais pas surveiller vaguement ce qui se passe ? Je me serais pas permis d'intervenir, je serais juste venue t'en parler si j'avais trouvé ça malsain, c'est tout... J'aurais pas non plus balancé à Thomas si c'est ce qui t'insurges.

Leigh haussa les sourcils d'un air dubitatif.

- Pourquoi il m'a pas demandé à moi ? Ces temps-ci c'est quand même moi qui passe le plus de temps avec toi !

- Oui enfin il s'est dit... Euh, tu vois quoi...

- Non je vois pas.

- Ecoute Karen, mon chou, on sait tous que tu es une amie géniale mais tu n'es pas toujours... Très sérieuse.

- Ouais donc je suis pas digne de confiance c'est ça ?

- Mais non, reprit Leigh en posant la main sur le bras de son amie en signe d'apaisement. On sait toutes que tu es digne de confiance, mais Thomas s'est arrêté à l'image que tu renvoies parfois, tu ne peux pas lui en vouloir pour ça.

Karen reprit une gorgée, pas forcément convaincue.

- Bref, toujours est-il que le problème est résolu puisque tu ne reverras jamais cette femme.

- Pourquoi il la déteste à ce point d'ailleurs ?

- J'en sais rien, il passe son temps à ménager le suspense, et à me dire que je ne pourrai pas comprendre. J'ai un peu abandonné l'idée de savoir un jour, mais visiblement c'est une sombre histoire familiale.

- C'est toujours glauque ce genre de trucs... Coucherie tu penses ?

- Franchement c'est possible. Peu probable selon moi mais possible. Mais au final on s'en fout un peu.

- Tu vas pouvoir mettre ça derrière toi, c'est un mal pour un bien ! s'enthousiasma Amandine.

Leigh hocha lentement la tête en tentant de sourire mais elle n'arrivait pas à oublier le regard froid et distant que lui avait lancé Anja. C'était sûrement le dernier regard qu'elles échangeaient et il avait fallu qu'il soit rempli d'indifférence.

Leigh se sentait blessée dans son égo, elle qui avait réussi à exister pendant un instant dans la vie de cette femme définitivement exceptionnelle, en mal ou en bien, et qui aujourd'hui n'existait plus.

Et au-delà de ça, elle avait été attirée magnétiquement par cette femme, son charme, sa voix et son sourire, et ça laissait un vide en elle qu'elle n'avait pas connu depuis des semaines.

- Tu l'aimais vraiment bien n'est-ce pas ?

La voix inquiète d'Amandine sortit Leigh de ses pensées.

- Hein ? Pardon j'étais en train de réfléchir, tu m'as demandé quoi ?

- Si tu l'aimais vraiment bien.

- Anja ? Je sais pas trop. Elle était très perturbante, et c'est vrai que j'ai un peu trop pensé à elle ces derniers jours sûrement. Je suis punie par où j'ai péché j'imagine.

- Tu sais, tu peux nous dire qu'elle te plaisait. On va pas te juger, ni parce que tu es fiancée, ni parce que c'est une femme, ni parce qu'elle a 15 ans de plus que toi...

- Je crois que t'as pas encore bien compris qu'elle est dans le déni, intervint Karen.

- Je ne suis pas dans le déni. Je veux bien concéder que je me suis attachée à cette femme, peut-être, à un moment donné. Mais c'était pas grand chose et maintenant c'est fini. Voilà.

Maintenant c'est fini. Sur ces mots, Leigh finit son verre d'une traite et se tourna vers Amandine.

- Assez parlé de ma vie. Comment vont la petite cacahuète et ses futurs parents ? Vous ne voulez toujours pas savoir le sexe ?

- On en a discuté, et on veut vraiment garder la surprise, à l'ancienne. Du coup on réfléchit pour deux prénoms, on arrivera jamais à se mettre d'accord en quelques mois, ça va être l'enfer.

- Penses à nous qui achetons les cadeaux de naissance. Ça c'est vraiment l'enfer quand on sait pas si c'est une fille ou un garçon.

La conversation avait dévié sur les multiples bêtises que Karen comptait apprendre au bébé quand il serait assez grand, et Leigh s'était un peu mise en retrait, les écoutant néanmoins avec attention et riant avec elles.

Elle était tellement concentrée sur la discussion, et le bar tellement bruyant, qu'elle n'entendit pas tout de suite son téléphone vibrer sur la table.

C'est d'abord visuellement qu'elle remarqua qu'on l'appelait d'un numéro non enregistré, elle hésita à prendre l'appel tant elle ne voulait pas s'embarrasser d'un quelconque démarchage, mais à cette heure-ci de la soirée, c'était peu plausible.

Elle attrapa l'appareil et décrocha finalement, pas certaine de pouvoir comprendre quoi que ce soit avec la musique qui résonnait tout autour d'elle.

- Allô ? hurla-t-elle quasiment dans le combiné.

- Bonsoir Leigh.

Son sang ne fit qu'un tour et elle bondit de son siège.

Éblouissante [gxg]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant