Éblouissante [gxg]

cinquante-et-un

A l'autre bout de Paris, Leigh menait une conversation qu'elle aurait préféré éviter.

- C'est mieux comme ça, hein... se résigna Thomas.

Leigh hocha la tête. Il était temps d'arrêter de se voiler la face et de prendre enfin les décisions qui s'imposaient.

- Tu sais que ça n'aurait mené à rien. On ne se serait jamais mariés, je n'en avais plus envie depuis des mois...

- Je sais, soupira Thomas. Je me demande comment je vais dire ça à ma mère...

Lui-même ne semblait pas vraiment déçu, il avait certainement perdu tout intérêt pour cette relation des mois avant sans jamais vouloir se l'avouer.

- On n'est pas obligés de lui dire tout de suite, on peut faire ça en douceur si tu préfères. Prendre une semaine ou deux pour la préparer...

Thomas acquiesça. Le téléphone de Leigh vibra. Anja lui demandait de la rejoindre au parc en bas de chez elle. La situation semblait assez urgente. Leigh tapa rapidement sa réponse avant de remettre son téléphone dans la poche arrière de son jean.

- Bon écoute, on s'est tout dit je crois, je vais y aller...

- Tu peux rester encore un peu, on peut parler...

- Non, ça va, merci. Il faut vraiment que j'y aille.

- Est-ce que tu penses pouvoir m'accorder encore quinze minutes, il faut vraiment que j'aborde un truc avec toi...

La jeune femme sentait l'agacement poindre suite à l'insistance du jeune homme.

- Ecoute Thomas, on vient de passer une heure ensemble, donc là, vraiment, c'est pénible. Je te dis que -

-Leigh, s'il-te-plaît.

Thomas l'avait coupée, et il arborait un air grave comme elle le lui avait rarement vu. Leigh se résigna et croisa les bras sur sa poitrine, signe qu'elle acceptait de l'écouter.

- Dis-moi.

- Tu es la seule personne à qui je me sens d'en parler. Et il faut que j'en parle parce que sinon je vais faire une connerie. J'espère que tu ne vas pas me prendre pour un fou mais...  Je crois que mon père a commandité la tentative de meurtre sur Anja.

Leigh prit sur elle pour n'afficher aucune réaction lisible, afin d'éviter une explosion malvenue de son crâne sous la pression.

- Et pourquoi tu crois ça ? demanda-t-elle du ton le plus neutre possible.

- Tu te souviens de ce week-end où tu es partie avec Anja il y a quelques semaines ?

Leigh hocha lentement la tête. Elle se souvenait plutôt bien en effet.

- Eh bien ce matin-là, celui de votre départ, je me suis souvenu d'une vieille discussion que j'avais entendu quand j'étais enfant, entre Anja et mon père. Tu vas penser que je suis dingue, à soi-disant me rappeler de trucs vieux de vingt ans... Mais je te jure, je mettrais ma main à couper que c'est ce qui s'est dit.

- Qu'est-ce qui s'est dit ?

Leigh tenait à s'assurer qu'il savait réellement la vérité, ou qu'il en devinait la majorité, avant de reconnaître qu'elle aussi était au courant.

- Il était question... Eh bien... De possession.

- De possession ?

- Anja hurlait « tu m'as achetée, tu m'as achetée » et lui a claqué la porte à la figure.

Thomas baissa les yeux vers ses chaussures avant de poursuivre :

- Et ce n'est pas tout... Il y a des choses que tu dois savoir...