quarante-sept (1)

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- C'est vraiment adorable à vous d'être venue me chercher, commença Anja une fois que la voiture eut quitté le parking.

- Ne le prenez pas pour vous, j'aurais fait n'importe quoi pour avoir l'occasion de conduire à nouveau votre Mercedes. Donc merci à vous de me l'avoir prêtée. Et au service de chauffeurs privés de l'avoir remontée de Toulouse. Ça ne vous a pas coûté trop cher ?

- Un bras, répondit Anja en désignant son bras droit savamment immobilisé en écharpe.

Leigh éclata de rire.

- Allez-y, moquez-vous... grogna faussement Anja. En attendant ce n'est pas vous qui avez dû signer tous les papiers de sortie de la main gauche. En quatre exemplaires.

- Je suis sûre que vous auriez tenu le stylo avec vos dents si nécessaire, vous aviez bien trop hâte de sortir.

Anja et Leigh échangèrent un regard entendu et la journaliste réprima un sourire.

- Comment se porte Thomas ? demanda Anja.

- Plutôt bien je crois... Je l'ai vu de temps en temps ces quatre dernières semaines, il n'a rien dit quant au fait que je vienne vous voir tous les jours en soins de suite. En fait je ne comprends pas bien ce qui lui arrive, je le trouve changé. Comme je vous l'avais dit, il a été étonnamment secoué par votre agression, et il a été très soulagé de votre réveil en relative bonne santé le mois dernier.

- Avant de me haïr il avait de l'affection pour moi, je pense qu'il est complètement perdu entre tous ses ressentis.

- Sûrement... Et puis comme on ne se marie plus, enfin plus dans les semaines à venir, je crois que la pression a dû redescendre un peu aussi.

- J'imagine oui... Et vous, à ce sujet, ça va ?

- C'est moi qui ai demandé à ce qu'on se calme un peu et qu'on laisse le temps au temps, pourquoi ça n'irait pas ?

- Parce qu'à Toulouse vous n'aviez jamais été aussi sûre de vous, puis j'ai failli mourir et vous avez repoussé votre mariage. La chronologie est intrigante, vous ne trouvez pas ?

- Je ne trouve pas non. Votre décès pendant les préparatifs de mariage aurait pu faire tache. Vous trouvez ça bizarre ?

- Touchée, admit amèrement Anja en regrettant d'avoir voulu la taquiner à ce sujet.

Leigh se rendit compte qu'elle avait été plus sèche que nécessaire et tempéra :

- Ne le prenez pas mal. Je préfère simplement qu'on ne rouvre pas de vieilles blessures, au sujet de ce qu'il s'est passé sur le quai à Toulouse par exemple.

- Vieilles blessures pour qui ?

- Vous et moi.

- C'était votre décision, vous ne devriez pas en être blessée.

- Ne faites pas comme si vous ne compreniez pas ce que je vous dis.

Elles laissèrent un long silence s'installer pendant qu'elles roulaient dans les rues de la capitale, avant qu'Anja n'intervienne :

- Je crois que vous vous trompez de route, ce n'est pas par là pour rentrer chez moi.

- On ne rentre pas chez vous. J'ai vu avec Zulaj, il va s'occuper de votre appartement pendant que vous passez quelques temps chez moi, disons le temps de votre convalescence. De toute façon votre appartement n'est pas habitable en l'état et il est hors de question que je vous laisse seule là-bas ne serait-ce qu'une minute.

Anja fit une tête indescriptible et Leigh continua.

- Et je vous interdis de râler.

- Je n'allais pas râler, je me faisais simplement la remarque que c'est la deuxième fois que vous me prenez en otage dans ma propre voiture. C'est systématique chez vous ?

Éblouissante [gxg]जहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें