Chapitre 51

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Je déverrouille la porte de l'appartement avec mes propres clés et me dirige vers le salon, et plus précisément vers le bar, pour me servir un verre d'eau.

Vildred est assis confortablement sur un sofa. Je ne l'avais pas vu. Je sursaute quand je remarque sa présence. Il pose un regard suspicieux sur moi plein de sous-entendus, me dévisageant silencieusement. Cela semble presque l'amuser.

Je suis mal à l'aise. Je n'aurais peut-être pas dû passer par le salon et me rendre directement dans ma chambre. J'évite au maximum son regard.

— La soirée a été agréable? Lance-t-il, d'un très innocent, qui, je le sais ne l'est pas.

Mon rythme cardiaque s'accélère légèrement. J'essaie de ne rien laisser transparaître. Il semble pourtant lire dans mes pensées comme dans un livre ouvert.

J'avale deux gorgée et repose mon verre.

— Ça va. Comme toutes les autres.

Vildred hoche légèrement la tête, ne détachant pas une seule seconde son regard de moi.

— Mmmh. Comment va Isaac? Demande-t-il en haussant un sourcil.

Je comprends que son but et de me faire cracher le morceau. Il est intelligent, il a compris qu'il s'est passé quelque chose avec lui et prend un malin plaisir à me mettre mal à l'aise avec ça.

— Bien, j'articule sans le regarder, me dirigeant directement vers le couloir qui mène aux chambres.

— Linda? M'interpelle-t-il.

Je me retourne vers le Chasseur.

— Mmmh? Je réplique le cœur battant.

Le jeune homme laisse s'écouler quelques secondes de suspens avant de répondre.

— Ta veste est à l'envers, déclare-t-il, en me désignant du menton.

Je dirige mon regard vers mon blouson. En effet, il est à l'envers et je ne m'en étais pas aperçue. A vrai dire, quand je suis sortie de chez Isaac, j'étais totalement en absorbée par le dérapage qui a failli se produire, que le reste me paraissait dérisoire.

Je retire subitement ma veste, et laisse échapper un rire gêné.

— En effet. Bonne soirée, je renchéris subitement pour écourter cette discussion embarrassante.


***


Je suis immergée dans un bain de mousse brulant. Je ne peux m'empêcher de penser à la veille.

Je ressens encore les mains d'Isaac sur moi, les picotements dans mon ventre, ses lèvres près des miennes, cette tension si...perturbante...

Le chemin du retour était un peu gênant. Il m'a raccompagné en moto, et a juste prononcé un « salut » avant de disparaître, mais m'a adressé avant de partir un sourire doux qui me hante encore.

J'ai envisagé de lui envoyer un message, avant de m'endormir, de lui dire que j'avais passé une très bonne soirée, de le remercier pour son invitation, mais j'ai été incapable de le faire. Une partie un peu lâche de moi à attendu que ce soit lui qui m'envoie un message, mais en vain. De toute façon, Isaac n'envoie jamais de message si ce n'est pas pour le travail. Il met d'ailleurs toujours du temps à répondre. Monsieur le Directeur est souvent très occupé. Il ne répond qu'à l'élite, et je n'en fais sûrement pas partie.

Je me rends compte que je souris comme une imbécile, complètement allongée dans mon bain, mes cheveux et le dos du crâne immergés. Je me redresse alors subtilement en position assise et reprends mes esprits. Je dois garder la tête froide. Le soir dernier ne veut rien dire. Peut-être qu'il le considère comme une erreur, peut-être que cela aurait pu être la même chose avec une autre fille...

DoppelgängerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant