Chapitre 141

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La soirée touche à sa fin.

Une soirée plutôt agréable. Tout le monde commence à regagner sa cabine respective, mais je décide de rester quelques instants supplémentaires avec Isaac, au niveau du bar, installés confortablement dans les fauteuils.

— Alors, on est prêt du but, je finis par déclarer.

Le loup-garou hoche la tête, pensif.

Je crois surtout qu'il est fatigué. Je le vois à ses yeux. Je sais qu'il n'a que peu dormi ces derniers jours. Tout son temps, il l'a consacré à la mission, et c'est pour ça principalement que je l'admire. Ce qu'il fait pour moi, pour nous, pour la meute est totalement admirable.

— Il faut croire, me sourit-il, en m'accordant un regard doux.

J'entrelace mes doigts entre les siens, me rapprochant physiquement de lui sur le sofa.

— Tes parents devraient être fiers de toi.

Le loup-garou détourne son regard par pudeur, afin d'éviter que je lise dans ses yeux les affects de culpabilité qu'il ressent à l'égard de sa famille. Mais, je suis douée pour déceler les émotions des autres. Et, avec le temps, j'ai appris à les lire sur le visage d'Isaac, qui ne se confie pas beaucoup.

Je sais qu'il a délaissé sa meute pour travailler à l'Enclave. Et, il vient d'apprendre que ces derniers œuvre pour la destruction des loups-garous. Je comprends qu'il se sente coupable, mais ce n'est pas sa faute.

— Non, je ne pense pas. Ce que j'ai fait est impardonnable. J'ai travaillé pour une organisation qui préméditait un génocide de ma propre espèce, rétorque-t-il le regard sombre.

Je secoue la tête.

— Tu ne pouvais pas savoir, tu ignorais ce qu'ils préparaient. Tu pensais bien faire, en travaillant pour eux.

— Non. En travaillant pour eux, je voulais mettre des distances avec ma famille. Je me suis comporté égoïstement avec avec ingratitude, rétorque-t-il le visage fermé.

Je pose ma tête sur son épaule pour me blottir contre lui. J'aimerais pouvoir réussir à le rassurer. Mais, il s'en veut trop pour cela. Il me fait mal à cœur en réalité. Je tente néanmoins de tempérer ses dires.

— Tu es dur avec toi-même. Oui, tu as commis des erreurs, mais tu travailles tellement dur pour les réparer, que le mot égoïste est très loin de te représenter.

Isaac finit contre toute attente pour me radresser un sourire. Il passe ses mains affectueusement dans mes cheveux, continuant de se plonger dans ses pensées.

— T'y penses ? A la rencontre avec ta famille ? finit-il par répliquer.

Je me redresse, songeuse à mon tour. Un petit frisson parcourt mon échine à l'évocation de cette dernière.

— Un peu. J'appréhende surtout, je finis par répondre.

— Qu'est-ce que tu appréhendes ?

Je hausse légèrement les épaules, hésitante.

— Eh bien...Je me demande juste s'ils sauront m'aimer.

Isaac m'adresse un regard tendre, et remet affectueusement une de mes mèches derrière l'oreille. Je frisonne à son contact doux.

— Bien-sûr qu'ils le sauront. Ils verront tout de suite la personne incroyable que tu es devenue, et ces mois passés séparés ne seront plus qu'un lointain souvenir.

— Mais...tu crois qu'ils arriveront véritablement à intégrer que je suis leur fille, même avec la preuve ? Ils ont passé huit ans avec une fille qu'ils ont aimé comme la leur. C'est difficile de renoncer à cette idée. Je ne suis plus qu'une inconnue pour eux.

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