Chapitre 98

792 176 10
                                    

Cette soirée est un véritable cauchemar.

Mais un cauchemar par lequel il fallait forcément passer pour mettre les choses au clair. Je décide de rester seule, ne parvenant plus à penser correctement. Dans un des longs couloirs désertés, je m'assois sur un banc en pierre, fixant mélancoliquement les lueurs de la nuit à travers la fenêtre. J'essuie quelques larmes discrètes, et laisse échapper un profond soupire.

Je ne sais pas ce que je vais faire. J'aurais aimé quitter la fête, mais je sais aussi qu'il n'est pas prudent que je sorte dehors sans Isaac où Vildred. Hors, je ne veux voir aucun des deux. Je tripote alors la bague que Maddie m'a offerte, le matin du tragique événement qui a eu lieu dans la meute d'Isaac, et que je n'ai pas quittée. Je me demande ce qu'elle a ressenti quand Bella est partie, quand elle a su qu'elle les avait trahis. J'ai l'impression que dans cette ville, personne n'est véritablement honnête. Chacun a son jardin secret dans lequel il privilégie ses intérêts personnels. J'avais peut-être trop idéaliser la vie ici.

Je reste alors de longues minutes seule, à penser à tous les événements qui ce sont passés ces derniers temps. Je laisse mes pensées fuser dans mon esprit, ne parvenant plus à avoir les idées claires. Je ne fais plus du tout attention au monde qui m'entoure.

Jusqu'à qu'un bruit terrifiant d'explosion me fasse revenir à mes esprits. Je sursaute alors et me lève subitement, sentant tout de suite que quelque chose ne va pas. Dans la seconde qui suit, des hurlements de panique se font entendre.

Je jette un coup d'œil à la fenêtre qui donne sur la cour carrée extérieure. Des flammes ardentes s'échappent de l'aile opposée. Mon cœur se soulève alors. Je me mets alors à courir dans ce labyrinthe, en cherchant la sortie la plus proche. Je suis prise alors dans un terrible mouvement de foule. Tout le monde est effrayé et court dans tous les sens, ne me donnant aucune indication de l'endroit vers lequel me diriger. Sentant la peur me gagner, je m'éloigne de la foule pour retourner dans les couloirs un peu plus désertés. Si des bombes ont été posées dans l'enceinte du palais, c'est sûrement aux endroits avec le plus de passage. Je m'éloigne alors, toujours à la recherche d'une sortie de secours que je ne trouve pas. Dans la précipitation, un invité de la fête et membre de l'Enclave, qui ne m'est pas familier sûrement parce que je n'ai jamais fait attention à lui, m'interpelle.

— Isaac te cherche, Linda. Il est paniqué ! Ils sont là...! Ils sont là...! Il faut se mettre tout de suite à l'abris.

Mon cœur se soulève. Je balaie le paysage apocalyptique d'un regard effrayé.

— Quoi...? De qui tu parles...? Je réplique le cœur battant.

— Des vampires.

J'entrouvre la bouche, ne réussissant pas à faire sortir un mot.

Dans la panique, je suis le salarié de l'Enclave dans ce véritable labyrinthe de couloir. On passe par des recoins totalement perdus, à la recherche d'une sortie de secours toujours introuvable. Comme je suis en talons, je parviens difficilement à suivre la cadence intense de la course.

Une autre explosion retentit à ce moment là dans une autre aile du palais, intensifiant l'angoisse actuelle qui plane au dessus de nous.

— Dépêche-toi, Bella. On n'a pas beaucoup de temps, renchérit mon interlocuteur, pour me presser.

Je m'arrête alors net. Je me raidis et fixe le nouveau venu d'un regard suspicieux.

— Je ne m'appelle pas Bella, je rétorque froidement.

Un petit silence s'en suit alors, avant qu'il ne me réponde.

— Pardon, je voulais dire, Linda.

Je plisse les yeux, restant sur mes gardes et analysant mon interlocuteur du regard.

DoppelgängerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant