Chapitre 58

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Mon père est en congés à partir de ce soir.

Aujourd'hui est donc la seule opportunité que j'ai pour pouvoir fouiller en toute sécurité son sa chambre qu'il garde fermée. La mystérieuse personne qui veut me faire rencontrer vient demain soir. S'il y a quelque chose à découvrir il faut donc que je le fasse avant qu'elle arrive.

Il est parti à neuf heures. Je laisse s'écouler une heure de précaution après son départ avant d'agir. Puis, je récupère le précieux talisman que Vildred m'a offert à l'aéroport que j'avais caché dans mon sac.

Je fixe avec plus d'intérêt l'objet. C'est une clé en bronze, anodine en apparence.

Je me demande comment elle va pouvoir s'introduire dans le verrou. Quelques doutes m'assaillent, mais je garde confiance. Je me lève, me dirige vers la chambre de mon père et la glisse dans la serrure. Je pivote alors l'objet vers la gauche, le cœur battant, jusqu'à que j'entende un « clic ». Je fais faire à la clé un tour complet, le rendant compte que le talisman a fonctionné. La porte s'entrouvre et je reste figée devant cette dernière, appréhendant ce que je vais trouver.  Le souffle coupé, je la pousse et fais un pas dans la pièce.

Je n'y étais jamais allé. Elle est plutôt simple, un grand lit, un bureau, et une immense armoire fermée à clé, elle aussi.

Je ne prends même pas la peine de réfléchir. Ce détail attire tout de suite mon attention. Je me précipite directement à cet endroit de la chambre et enfonce la clé dans cette deuxième serrure. Elle se déverrouille à son tour sans aucune difficulté.

Mon Dieu comme cet objet est jouisif!

Merci Vildred, je te revaudrai ça.

Si j'offrais mes services de serrurière en compagnie de cette clé, je deviendrais sans doute millionnaire.

Mais, pour le moment, ce n'est pas l'argent qui m'intéresse, mais bel est bien le contenu de cette mystérieuse armoire.

Il y a tout un tas de dossiers rangés. L'un d'eux m'interpelle instantanément parce qu'il est intitulé « Nouvelle Orléans ». Dans un élan de précipitation, je fais glisser la chaise du bureau jusqu'à l'armoire et grimpe dessus. Je tends mon bras et récupère ce précieux dossier.

Je saute par terre, ouvre la pochette et fait défiler les feuilles que je pose par terre devant moi. Certaines semble provenir du commissariat de police de La Nouvelle Orléans. Je ne savais pas que mon père avait travaillé là-bas...

Je me fige quand je pose mes yeux sur la première photos que je trouve.

Mon père est à côté d'une jeune femme, et il porte dans ses bras un bébé. Un petit garçon qui doit avoir près d'un an. Les deux adultes semblent avoir même pas trente ans. Il semble avoir tant d'amour entre eux. Un amour inconditionnel. Ce bébé a les mêmes yeux que mon père. Est-ce que c'est son fils?

Je retourne la photo cherchant l'inscription d'une date.

Mai 1998.

Je n'étais pas née à l'époque. Mon cœur bat à mille à l'heure. Je me pose déjà un milliard de questions.

Je tombe sur une deuxième photo. Au moment où mes yeux se posent dessus mon sang se glace instantanément dans mes veines. Elle provient d'un dossier de police. Dessus gisent une femme et un bébé, étalés au sol, le visage ensanglanté et défiguré, et les entrailles déchiquetée. Je comprends rapidement que ce sont les deux protagonistes qui accompagnaient mon père sur l'autre photo. Un grand frisson parcours mon enchaîne à la vue des corps mutilés. C'est une véritable vision d'horreur. Ces corps..., ce petit garçon...

Les mains tremblantes, je saisis et porte mon attention sur un document écrit, qui suivait cette photo horrifiante. C'est un acte de décès.

Sofia Williams et Jonas Prior.

Je reste paralysée pendant quelques secondes, ne parvenant plus à penser correctement. Les émotions prennent le dessus.

Mon père a eu un autre enfant avant ma naissance.

J'ai eu un frère.

J'ai du mal à ce moment-là de le réaliser.

Je m'étais toujours imaginée seule, sans véritable famille à part mon père.

Que m'a-t-il caché d'autre?

Les documents suivants concernent une enquête policière. L'enquête de leur décès. Un assassinat.

Mais, quelque chose retient subitement mon attention. Sur certains papiers demeure le logo de l'Enclave. Je continue d'étaler les papiers sur le parquet. Je tombe sur le dossier du coupable.

Kenny Johnson.

Johnson...Johnson...

Comme Arabella Johnson?

Je fixe avec plus de précisions la manière dont les corps ont été mutilés. Il y a quelque chose d'animal dans la façon de procéder. Les marques ressemblent grandes griffures qui auraient éventré leur corps...

Et là, je comprends.

La femme et le fils qu'à eu mon père ont été assassinés par un loup-garou de la famille de Bella. Je ne le connais pas. Isaac ne m'en a jamais parlé. Peut-être qu'il sait ce qu'il est arrivé...

Le meurtre a eu lieu en août 1998, soit trois mois après que la première photo ait été prise.

Qu'est-ce qu'il est devenu?

Apparemment, si on parcourt les documents, il a été incarcéré à l'Enclave pour les meurtres qu'il a commis, mais depuis? Est-il sorti de prison?

Mon père est donc bien au courant de l'existence de l'Enclave et du monde du Surnaturel. Son histoire est entremêlée à celle de la famille de Bella. Peut-être même qu'il la connaît. La coïncidence me paraît si forte que de nombreuses questions se mettent à marteler mon crâne.

Je continue de fouiller le dossier. Le parquet de la chambre est bientôt recouvert intégralement par les documents, que je n'ai pas encore tous regardés.

Je me rends compte qu'il y a beaucoup d'informations sur la famille Johnson. Il y a une liste de toute la meute, datant des années 2000. Bella n'était pas encore née.

Quelle est l'implication de mon père au sein de l'Enclave? Dans cette affaire, il a forcément été amené à côtoyer l'institution. Le meurtre étant commis par un loup-garou, ce n'est pas étonnant que l'Enclave ait été mêlée à ça.

Mais, bien d'autres choses semblent y être aussi entremêlées.

Je reste abasourdie. Les photos hantent mon esprit. Ses visages si souriants, si heureux...Puis, deux corps inertes et mutilés. Je n'ai jamais ressenti véritablement d'affection pour mon père, mais, je ne peux ignorer l'onde d'empathie qui se noie à ce moment là dans mes yeux. Je ne peux pas imaginer la douleur qu'on peut ressentir après avoir perdu son fils et la femme qu'on aimait.

Je reste de longues secondes butée sur ces photos, interrompants quelques instants mes recherches, imaginant ma vie si j'avais connu mon grand-frère. Elle aurait été sans doute différente. Et peut-être que même que mon père aurait été plus humain avec moi s'il n'avait pas autant souffert. Je ne lui pardonnerai jamais ce qu'il m'a fait, mais je peux imaginer la raison pour laquelle il s'est renfermé.

Je suis tellement absorbée par ces photos, que je n'ai pas entendu quelqu'un gravir les escaliers de la maison. La porte de la chambre s'ouvre à grande volée et je lève subitement les yeux, alors que je suis assise par terre au milieu de dizaines de feuilles éparpillées.

Je me fige.

Un sentiment de panique se propage en moi.

Mon regard se mêle à celui de mon père.

Dans ses yeux se lie une onde évidente de colère noire. Je n'ai jamais vu autant de haine sur son visage. Je comprends rapidement que j'ai fait une bêtise.

Il sort de l'intérieur de sa veste un pistolet qu'il pointe sur moi, et qu'il charge, dans un bruit métallique horrifiant qui me pétrifie sur place.

Ma respiration semble s'arrêter.

DoppelgängerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant