Chapitre 61

917 173 21
                                    

Isaac me tend une bouteille d'eau.

Je me jette alors dessus pour boire. Il est obligé de me freiner dans mon élan et me la retirant rapidement quand il s'aperçoit de la vitesse avec laquelle je vide le contenu.

— Doucement, Prior! Tu es complètement déshydratée, c'est dangereux de donner à ton organisme autant d'eau d'un coup.

Il me redonne la bouteille d'eau, après que je lui ai adressé un regard de compréhension, et je me calme. J'avale de petites gorgées, bien que la soif que je ressens est insupportable. Rien ne semple suffire à l'étancher.

Une fois la sensation de soif finalement disparue, je glisse la bouteille à moitié vide dans le filet du siège en face de moi. Je reste quelques secondes à reprendre mon souffle et mes esprits, prenant conscience de tout ce qui s'est passé.

Je me tourne et observe les dégâts. La vitre arrière est parsemée de petits trous. J'avais raison. Mon père a été capable de me tirer dessus. Je ne pouvais pas y croire à cent pour cent tant que je ne l'avais pas vu me viser, mais il est capable du pire en ce qui concerne sa propre fille. Je ne comprends pas pourquoi il en est arrivé à de telles extrémités.

Les balles ne sont pas passées loin, Isaac ou moi aurait pu perdre la vie, ce soir là. S'il lui était arrivé quelque chose, je ne me le serais jamais pardonné.

— Comment tu te sens? Me demande le loup-garou.

Je ne réponds pas tout de suite, absorbée par les flash de la scène éprouvante qui vient de se dérouler. Je déglutis, enfin apaisé de me savoir près des deux garçons.

— J'ai l'impression de rêver, je murmure, le regard dans le vide.

— Ce n'est pas étonnant. Il s'en est passé des choses, réplique le loup-garou, en me prenant les mains pour les réchauffer.

Je plonge mon regard dans ses yeux ambrés. Je ne dis rien, toujours sonnée par ce qu'il vient de se passer, mais par un simple regard je lui communique ma profonde gratitude.

A un feu rouge, Vildred ouvre la boîte à gant du 4X4 et me tend un tout nouveau téléphone.

— Pour toi, Sosie. Tous nos contact sont déjà à l'intérieur. Tu n'as plus qu'à ajouter un code.

— Merci...

— Oh ce n'est qu'un téléphone. Ça ne m'a rien couté, si on compare son prix avec la valeur de mon salaire, réplique-t-il, d'un air détaché.

— Non...Merci pour être venus me chercher...Vous m'avez sortie d'une immense impasse...Je déclare, le regard toujours perdu dans mes pensées.

Les coups de feu retentissent toujours dans mes oreilles.

Je suis encore un peu sonnée.

— Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour notre rousse préférée, réplique Vildred.

Isaac s'adosse nonchalamment à son siège. Il ne réplique pas. Il continue de me fixer silencieusement, m'adressant un regard réconfortant.

En quelques secondes, j'ai pu côtoyer deux types de personnes opposées. Un homme de la pire espèce et deux héros. Vildred et Isaac incarnent la bravoure et la détermination. Ils ont risqué leur vie pour moi. J'aimerais avoir la même force d'esprit qu'eux. Ils ont été exemplaires, d'un altruisme à toute épreuve, alors qu'ils auraient pu prendre la décision de me laisser à New-York pour ne pas prendre de risques.

C'est à ce moment là que j'ai aimé le monde du Surnaturel.

Soudain, je me redresse, dans un éclat de lucidité agrémenté d'un sentiment de peur.

DoppelgängerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant