Chapitre 63

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Le chemin allait être encore long avant d'atteindre la Louisianne.

Ça fait bientôt huit heures qu'on a quitté le diner sur le bord de la départementale. Il fait encore nuit noire. J'ai dormi quelques heures, permettant de rattraper légèrement mon manque évident de sommeil. Mais, ce n'est pas suffisant.

Tout juste réveillée mais encore somnolente, j'allume mon téléphone, en plissant les yeux, gênée par la lumière et visualise la carte pour voir où on se situe.

Apparement, on arrive bientôt à Blacksburg, une ville en Virginie. Il fait encore très froid, malgré qu'on s'approche doucement du climat tempéré de la Louisianne. Je sens l'air passé derrière moi, sur le pare brise arrière, à l'endroit où les balles tirées par mon père ont percé la vitre.

Je me redresse et observe mes coéquipiers. Isaac semble s'être endormi, sur le siège passager avant, alors que Vildred continue de conduire, dans un calme absolu.

— La nuit a été satisfaisante? Demande-t-il, alors, ayant tout de suite remarqué que je suis réveillée, malgré l'obscurité présente.

Vildred a un don pour percevoir aussi bien les individus à l'arrière d'une voiture, alors qu'il conduit par la même occasion et qu'il ne s'est pas retourné une seule seconde.

Il m'étonnera toujours.

— Je me suis demandée en l'espace de quelques secondes où je me trouvais, je réplique en m'étirant et en laissant échapper un petit rire.

— Dans une voiture de fou, ça c'est certain, réplique le Chasseur.

— Tu conduis depuis hier soir? Tu n'es pas fatigué? Je demande intriguée.

— Je suis habitué. Isaac avait l'air très fatigué. Il nous aurait causé un accident si je n'avais pas conduit, c'est certain.

Je souris alors.

— Tu es dur avec lui. Les loups-garous avaient une résistance à la fatigue nocturne, pourtant.

— Tu n'as pas tord. En réalité, Isaac a conduit pendant une journée avant qu'on arrive à New-York, reconnaît Vildred.

Un petit sentiment de culpabilité me picote alors le ventre.

— Je vous ai fait endurer beaucoup.

Le Chasseur reste impassible.

— Tu penses? Crois-moi, c'est notre quotidien. On peut faire bien plus.

— Isaac a failli se prendre plusieurs balle par ma faute.

— Tu t'en fais un peu trop pour rien. Il n'est pas en sucre ton Isaac. Il ne va pas se casser.

Vildred et son manque d'empathie légendaire...

— Enfin...quand même...Ce n'est passé loin.

— Ça l'aurait calmé au moins. Il parle trop, c'est agaçant.

— Si tu ne conduisais pas, je t'assure que tu aurais pris mon poing dans la figure, grogne soudainement Isaac.

Vildred sifflote alors.

— Ce n'est pas bien d'écouter les conversations privées en faisant semblant de dormir.

Le loup-garou s'éclairait la voix et s'étire pour se réveiller davantage. Il passe alors sa main dans ses cheveux noirs sont un peu en bataille. Je trouve que ça lui va bien.

— Figure-toi que je dormais vraiment. C'est ta douce voix si apaisante qui m'a réveillée dès le matin. Mais visiblement ça ne t'a pas dérangé de parler aussi fort.

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