Chapitre 4

614 60 0
                                    


Ken

Encore une sale manie qui avait disparu. Dès qu'elle n'est plus près de moi, dès qu'elle ne dort plus dans mes bras, dès que je ne prends plus mon petit-déjeuner avec, dès que je ne peux plus la regarder se préparer dans la salle de bain le matin, c'est la même chose : je retombe dans mes bails de gars maniaque, c'est plus fort que moi.

L'horloge du salon affiche un bon 06h27, et l'appart est déjà nickel. J'ai ouvert les fenêtres au réveil, des deux étages, de toutes les pièces, au maximum. J'ai réarrangé tous les placards de la cuisine parce que ça m'a pris la tête de chercher le sachet de thé qui me faisait réellement envie. J'ai nettoyé le four, j'ai nettoyé le micro-ondes, j'ai nettoyé l'évier, j'ai nettoyé le lave-vaisselle. La table basse du salon, qui logiquement est recouverte des livres de Thanos, de mes mangas, de mes brouillons, des magazines de Lya, je l'ai complètement débarrassée, et j'ai descendu du troisième une vieille bibliothèque d'Armelle pour tout organiser dedans.

Et la liste pourrait être longue encore, vraiment très longue.

J'ai déjà lu des livres là-dessus : on range, on organise notre environnement, pour au final juste ranger et organiser notre crâne, nos pensées. Bah putain, je crois que vu les merdes que j'enchaîne depuis des jours et des jours, y avait beaucoup de rangement à faire. Et même en aillant passer plusieurs heures à tout nettoyer à la maison, j'ai toujours pas l'impression d'en avoir fait assez. Y a toujours rien qui tourne rond dans mon crâne, rien qui me permet de penser à autre chose qu'à la petite brune qui occupe mes journées sans arrêt.

Sans elle, je finis taré. Il aurait fallu me filmer ce matin, je pense que ça pourrait faire un bon sujet d'étude pour des psychiatres.

Elle est putain d'exceptionnelle. Ce qu'on a tous les deux, c'est putain d'exceptionnel. J'ai eu masse de relations, plus ou moins longues, elles m'ont toutes fait grandir d'une manière ou d'une autre, mais j'ai jamais autant appris sur moi-même qu'avec ma Lya. Au début, on se fâchait, ça partait en couilles. Aujourd'hui, même si on a merdé, qu'on est chacun de notre côté, ça change r au fait qu'on parle le matin. Peut-être que c'est juste par messages, que c'est pas la même chose qu'en vrai, mais pour moi c'est déjà énorme, rien à voir avec le silence de quand elle est partie en Grèce.

Tous les matins, elle m'envoie un message pour me dire comment elle va, comment les jumelles vont. Le seul sujet qu'elle laisse de côté presque systématiquement depuis deux semaines, c'est Thanos. Et ça me fait flipper sa mère, parce qu'il refuse de me parler, il refuse de me voir, et ça le met dans des états tellement catastrophiques que j'ai dit à Alya de pas forcer.

À chaque fois que je lui fais une promesse, je finis par la briser. Je suis éclaté comme daron, pourtant je m'étais promis de tout faire pour que ce soit différent de ce que moi j'ai vécu tipeu avec le mien.

Le problème, c'est que depuis 2 ans, y a r qui a changé : dès que Thanos me tire la gueule, ça marque la fin de ma bonne humeur. Peut-être qu'on abuse un peu sur la relation qu'on a, peut-être qu'on est trop fusionnels quand tout va bien, mais y a rien de mieux que de juste vivre avec mon fils. À part sa mère, y a qu'avec lui que je me vois regarder les étoiles la nuit, y a que pour lui que je suis cap de danser devant les dessins animés, y a que lui qui, juste avec une question étrange, arrive à me redonner le sourire instantanément.

Alya. Thanos. Je peux pas être heureux sans, je suis assez con pour m'en rendre pleinement compte que quand je les ai pas près de moi.

Y a ce truc inquantifiable et inexplicable quand j'essaie de capter la chance que j'ai de les avoir dans ma vie. Même après deux ans, même après être tombé fort pour Lya, avoir découvert que Tan est mon fils biologique, même si je m'apprête à être daron à nouveau avec ma brune, j'arrive toujours pas à mettre des mots dessus.

Milieu d'après-minuit · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant