Chapitre 42

433 65 4
                                    


Alya

Le réveil a beau indiquer 03h28 sur la table de nuit, j'ai les yeux ouverts, le coeur au bord du gouffre, et j'essaie du mieux que je peux de me concentrer sur le pouce de Ken qui dessine des petits arcs de cercles sur le dessus de ma main.

- Tu devrais dormir, je soupire, et une nuée de frissons remonte le long de ma nuque quand je sens son souffle frôler ma tempe, juste avant qu'il n'y dépose ses lèvres.

- J'peux pas, il murmure en me ramenant un peu plus contre lui sous la couette, déjà parce que j'sais que t'angoisses, et de deux parce que j'lui ai promis.

- Promis à qui ? Je décolle mon dos de son torse pour lever la tête vers lui, le faisant grogner au passage.

La lèvre entre ses dents, il glisse sa main dans ses cheveux pour les rabattre en arrière.

- Hier soir, il souffle.

- Ça répond à quand, pas à qui ça Ken, je me redresse un peu plus encore.

C'est la raison pour laquelle j'ai pas réussi à fermer les yeux depuis tout à l'heure. J'ai honte. J'ai été pleine de bonnes intentions, d'amour, de courage quand j'ai dévalé les escaliers jusqu'au rez-de-chaussée en laissant Ken derrière moi, mais tout s'est effacé quand je me suis retrouvée face à la porte d'entrée.

C'est Ken qui a ouvert. Et j'étais même plus là derrière lui quand il l'a fait, j'étais cachée dans la salle de bain comme une gamine.

- Il m'a pas laissé te rejoindre dans la chambre tant que je lui avais pas promis de m'assurer que tu ferais pas de cauchemars, ni de crises d'angoisses cette nuit, Ken lâche la vérité, et au fond je la connaissais déjà.

- Je supportais pas au lycée Ken, quand les gens arrêtaient pas de dire qu'il avait l'air insensible et égoïste, mes yeux me piquent. À quel moment ?

- Il a son petit côté "je m'en bats les couilles" quand même, je sens Ken sourire doucement contre ma peau tout en glissant son index dans mes boucles, mais c'est en surface, ouais. Il t'aime.

- Moi aussi, je murmure, mais probablement beaucoup moins, vu que j'ai même pas été capable de le faire rentrer chez moi alors qu'il pleurait sur le trottoir.

- Wesh, je sens mon corps quitter le matelas quand Ken me soulève pour me déposer contre son torse, nan. Lui, il m'a fait promettre de veiller sur toi cette nuit, il sourit quand je m'assois à cheval sur son bassin, toi, tu m'as demandé d'aller lui chercher un oreiller, une couette, de lui faire une tisane, et de virer le bordel qu'on avait foutu sur le canapé.

Je le détaille en silence pendant qu'il caresse ma hanche avec son pouce.

- T'as juste eu trop de peur et de stress pour le faire toi-même ce soir, comme lui il aurait pu veiller sur toi lui-même aussi cette nuit, sa main remonte jusqu'à ma joue. Lya, il murmure, j'suis déjà jaloux. Vous êtes dans deux pièces différentes, mais j'sens déjà le truc qui vous attire comme des aimants.

- C'est mon frère, je souris doucement, pas la personne avec qui je m'apprêtais à coucher dans le studio de danse y a quelques heures.

Il me répond pas, il souffle juste sans me lâcher des yeux.

- On finira ? La peur qu'il essaie de cacher dans son regard me brise juste un peu plus le coeur que c'était déjà le cas hier soir.

- On recommencera même, je souris. Si ça avait été n'importe qui d'autre en bas, la personne aurait attendu, je me penche pour poser mes lèvres contre les siennes, et je le sens sourire contre la seconde suivante.

Milieu d'après-minuit · NekfeuWhere stories live. Discover now