Milieu d'après-minuit · Nekfeu

Chapitre 24

Lukas

Je sais pas depuis combien de temps j'avais pas été excité comme un gosse comme ça. Probablement un peu. Probablement depuis une éternité en fait. Je vais pas faire le lover avec ma soeur, c'est pas mon truc, au pire je laisse ça à Ken, mais y a ce truc que j'ai perdu quand je me suis barré y a 8 ans, je l'ai jamais retrouvé ailleurs. J'ai déjà jamais été le plus drôle, le plus enthousiaste, ou le plus extraverti avant de laisser Aly, mais même pas je peux mentir, et dire que ça s'est amélioré après que je sois parti.

Ça s'est pas amélioré, ça s'est empiré. Je sais même pas comment Avry a pu avoir envie de m'approcher vu l'état dans lequel j'étais.

Et ce matin, quand je me suis levé, que j'ai vu le message de Diabi qui me disait de passer au studio parce que y a personne avec lui aujourd'hui, j'avais l'impression d'être un putain de gosse à Noël : les bails vont enfin avancer avec Aly, parce que je suis plus seul à essayer de me sortir de ma merde désespérément. Et clairement, je suis pas doué, y a qu'à regarder la situation pour le savoir. Je sais pas si Diabi est le plus doué non plus, mais au moins, il propose d'aider, j'allais pas le renvoyer chier.

Pendant une fraction de seconde ce matin au petit-déjeuner, j'ai envisagé de demander à Avry de venir avec moi. De me remettre sur pieds après avoir laissé Aly derrière moi y a 8 piges, à m'aider à monter notre projet, jusqu'à me pousser à rentrer au France et à arrêter de fuir ma vie, y a pas un de mes bails dans lequel il s'est pas impliqué. Ça fait putain de bizarre de faire ça sans lui.

Le truc, c'est que j'ai ce feeling chelou que peu importe la solution qu'on va élaborer avec Diabi, ça va pas lui plaire.

Lui il veut le truc méga simple, méga sincère : que je me pointe devant la porte d'entrée de Nek et ma soeur, que je sonne, qu'Alya me laisse gentiment rentrer sans rien dire, et qu'on s'assoit comme si de rien était sur deux balançoires côte à côte pour que je lui raconte ce qu'il s'est réellement passé comme si on était toujours en CP.

Ça arrivera pas, pas besoin d'être un expert pour le capter.

- C'était un café que tu voulais, j'ai pas rêvé ? Je pousse la porte du studio du bout du pied, les tasses à la main, juste pour trouver Diabi, main sur la bouche, Krokette sur les genoux, mon téléphone à la main. Y a quoi ?

- J'ai fait une dinguerie, il lâche.

- Tant qu'Aly se ramène pas ici dans 5 minutes, j'pense je peux te pardonner, je ricane en posant le café devant lui. Aly se ramène dans 5 minutes ?

- Nan, ils sont chez les darons de Nek.

- Quoi alors ? Je me lâche dans le siège à côté du sien.

- Mon téléphone était à l'autre bout de la pièce, il jette un oeil au smartphone qui charge près de la porte, du coup j'ai pris le tien parce que j'me faisais chier, t'as pris 1000 ans à faire le café, et j'ai genre scrollé sur Insta, je suis tombé sur cette meuf qui expliquait putain de méga bien le sentiment que ça fait de se faire critiquer par les autres parce que tu vis seul avec ton chien, du coup je l'ai DM. Mais j'avais oublié c'était ton compte.

J'arrive même pas à me retenir de ricaner.

- T'as DM une meuf qui se plaignait de se faire critiquer parce qu'elle vit seule avec son chien ? Je répète, le sourcil levé.

- Wesh, il pointe mon sourcil du doigt, Alya aussi elle fait ça.

- C'est ma jumelle ouais, je sens mon sourcil se lever encore plus haut.