Chapitre 46

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Ken

Ça fait au moins une heure que je ne bouge plus d'un millimètre, étalé sur le bain de soleil du balcon, les yeux fermés. La lumière et les nuages projettent des images sous mes paupières, et c'est le seul truc qui occupe mon esprit, sinon c'est le calme absolu.

Peut-être juste à l'exception de Tan qui chatouille mon cou avec ses boucles à chaque fois qu'il gigote. Du genre toutes les 10 secondes.

- Baba ? Il finit même par briser le silence.

- Ouais ? Je lâche sans ouvrir les yeux, je pose juste ma paume sur son ventre histoire qu'il se calme un peu.

- Le bleu du ciel il vient d'où ?

Mes lèvres s'étirent toutes seules. J'essaie parfois, de comprendre comment ça fonctionne dans la tête de Thanos. Et c'est pas méga compliqué, ça fuse juste de partout et dans tous les sens, tellement fort que ça se voit physiquement. Il est jamais à l'arrêt, que ce soit en gigotant, en courant, en sautant, ou en considérant le nombre de questions qu'il se pose à la seconde.

Questions qui me foutent toujours devant le même dilemme : est-ce que je lui donne la vraie réponse que j'aie pas toujours, qui est souvent compliquée et probablement pas trop magique pour un enfant ? Ou est-ce que je lui donne une semi-réponse qui correspond plus à la manière dont je voyais les que-tru à son âge ?

Le que-tru, c'est qu'au final, moi y en a qu'une seule de réponse qui m'intéresse, et c'est aucune des deux précédentes.

- Tu penses que ça vient d'où toi ? Je finis par ouvrir les yeux, avant de venir glisser mes doigts dans ses boucles.

- Je sais pas, il retrousse sa lèvre en tendant son bras au-dessus de nous pour essayer de caresser les nuages. Peut-être que le ciel il voulait juste être de la même couleur que les yeux de Maman.

Je dis r. Je réponds r. Il m'a coupé l'herbe sous le pied, je l'ai trop bien élevé. J'ai même plus besoin de faire le canard, à 8 ans il assure déjà la relève.

- J'pense t'as raison, je souris, et il hoche doucement la tête, avant d'appuyer sa joue contre ma main.

Et rien qu'en voyant la manière dont ses sourcils se froncent légèrement, je sais que la question suivante attend déjà d'être posée.

- Baba ? Il réalise ma prophétie la seconde d'après.

- Ouais, j'enroule une de ses boucles autour de mon index.

- Est-ce que quand je serais trop grand pour faire la sieste sur toi comme ça, tu m'aimeras moins ? Il chuchote. Je veux pas grandir.

Mon sourire vient de se perdre. En même temps que je me redresse pour asseoir Tan sur mes genoux, juste en face de moi.

- Tu me racontes quoi là ? Je glisse mon pouce sur sa joue, et plus il grandit, plus c'est difficile de nier à quel point il me ressemble, j'ai l'impression d'être face à moi tipeu.

- Samuel il a dit à la récré que bientôt, mes petites sœurs elles vont être moins bébés, il baisse les yeux, et que ce sera encore plus amusant pour toi et Maman de s'occuper d'elles parce qu'elles vont parler, et elles vont bouger et tout. Mais moi je sais déjà faire tout ça alors je suis ennuyeux ? Il demande en emmêlant nos mains entre nous.

Je peux pas m'empêcher de sourire doucement. Je flippais un peu de comment il allait gérer le truc avant qu'Hestia et Isis arrivent, mais y a pas un jour où il est pas resté collé à elles comme il le fait avec Mila, les yeux brillants et le sourire aux lèvres.

Milieu d'après-minuit · NekfeuDonde viven las historias. Descúbrelo ahora