Chapitre 13

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Alya

Y a ces jours où c'est difficile à croire. Difficile à croire que si j'ai envie, si j'ai besoin, j'ai juste à remonter le couloir pour le trouver à la salle de bain, passer la baie vitrée pour le trouver à écrire sur le balcon, pousser la porte de la chambre de Thanos pour le trouver à jouer avec son fils.

Après avoir vécu autant d'années seule avec Tan, y a des matins où je pourrais venir à pleurer de soulagement quand Ken débarque en jogging dans le salon, les yeux encore endormis et le sourire aux lèvres. J'ai pas les mots pour lui dire, ça c'est son talent, mais ce qu'il dégage au quotidien, juste en étant là, c'est juste ce dont j'avais besoin avant de le rencontrer.

Les 5 premières années de Thanos, même si on n'était que tous les deux, je ne les échangerais pour rien au monde. Ça ne change rien au fait qu'il y avait ces matins où c'était plus dur que la veille, où la seule raison pour laquelle je me levais c'était lui. Je savais d'avance ce qui allait m'attendre en cours : des regards en arrivant devant l'amphi, des soupirs quand j'allais annoncer que je pouvais pas venir à leurs soirées, et une myriade de fausses conversations juste pour faire genre.

Puis je savais qu'en rentrant, avant d'aller chercher Tan à la garderie, j'allais pousser la porte de l'appartement pour n'y trouver que le silence et le vide. C'était juste lui et moi, et même si je l'aime plus que tout ce que j'ai pu avoir jusque-là, ça n'a jamais été suffisant. C'était pas à Thanos de me réconforter la nuit quand j'enchaînais les cauchemars, ni à Thanos d'écouter mes plaintes en rentrant de cours, ni à Thanos d'aller faire les courses avec moi,...

Il a égayé mes journées pendant 5 ans, ça ne change rien au fait que j'avais besoin de Ken quand même.

Aujourd'hui, assise sur le plan de travail de la cuisine, les pieds qui se balancent dans le vide, et le regard posé sur les jumelles qui somnolent dans leur berceau devant moi, j'ai du mal à assimiler à quel point je vais avoir envie de sourire quand leur père va débarquer dans le salon une fois réveillé.

Lui par contre, il risque de ne pas être ravi. Exactement comme hier, je ne l'ai pas réveillé quand les jumelles se sont mises à pleurer à 5h, je me suis juste levée, on s'est occupées toutes les trois jusqu'à 7h, et depuis, je les observe somnoler en me demandant ce que je vais préparer pour le petit-déjeuner.

- Baba va grogner, je murmure avec un sourire en descendant du plan de travail pour aller caresser doucement le ventre de mes filles. On demandera à Tan de lui faire un câlin, mes lèvres s'étirent en un sourire quand les petites mains d'Isis viennent caresser la mienne.

Et j'ai à peine le temps de me détacher d'elles pour attraper la boîte de sachets de thé, que je manque déjà de tomber quand une énorme boule de poils vient poser sa tête contre mes jambes. Je suis amoureuse de Ken, encore plus depuis qu'il a ramené Goku. Faut pas lui dire, il prendrait la grosse tête, et il me répèterait 1000 fois que je sais pas ce que je veux, juste parce que j'ai dit non plein de fois pour qu'on adopte un chien.

J'ai dit non parce que je savais qu'un jour on allait avoir Goku, c'est ça la vérité.

- Coucou toi, je glisse ma main libre entre ses oreilles, et le regard qu'il me lance arrive à m'arracher un sourire. Ton grand maître fait dodo, le petit maître aussi. T'as le droit à une magnifique matinée avec nous trois, je le regarde poser son museau au bord du berceau, les filles c'est mieux de toutes manières.

Ça fait deux jours qu'on est rentrés de la maternité, et il a déjà pris ses habitudes. Quand je me lève le matin, je le laisse aller faire un tour dehors, je lui laisse la porte ouverte, et il finit toujours par revenir et se mettre à surveiller les filles.

Milieu d'après-minuit · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant