Chapitre 16

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Ken

Pourquoi j'aurais envie de perturber ça ? Sa joue écrasée contre l'oreiller, ses petites boucles en bazar dans sa nuque, ses mains qui serrent la couette contre elle, y a rien qui me donne envie de la réveiller, je pourrais la laisser dormir toute la journée.

Et en même temps, en même temps putain, je suis juste trop impatient qu'elle ouvre les yeux, pour que je retrouve ce qu'on a eu hier soir. Je kiffe pas ce que j'ai dû faire hier matin, je kiffe pas d'avoir élevé la voix, je kiffe pas d'avoir jeté les babyphones, je kiffe pas d'avoir brusqué un peu ma brune.

Mais sa mère, elle m'a pas lâché de la journée après. Y a rien eu d'incroyable, mais c'est pas ce que je cherchais, qu'elle se soit endormie la tête sur mon épaule devant le film qu'on a mis avant d'aller se coucher, ça me suffit de fou. Je veux la même aujourd'hui, je veux lui montrer que près de moi c'est plus calme, c'est plus simple.

Et je vais pas mentir, je tuerais pour qu'il y ait un tout petit peu plus que juste le bisou qu'elle a déposé sur ma joue hier soir avant d'aller prendre sa douche. Passer du temps avec elle, ça me manque, l'avoir contre moi, aussi. Quand j'ai essayé de formuler ça à Ahma l'autre jour, il l'a mal pris. Je comprends juste pas ce qu'il y a de difficile à comprendre quand je dis que ma meilleure amie me manque autant que ma copine.

Les deux, je veux retrouver les deux. Si je disais le contraire, ce serait faux-cul.

Mais c'est juste hors de question qu'il y ait quoi que ce soit entre nous tant qu'elle refuse de se regarder dans la glace. Ça me donne envie de tout péter quand elle se dépêche de passer de la cuisine à la salle à manger, tout ça pour ne pas voir son reflet dans la vitre du four. Et je sais qu'elle kiffe porter mes vêtements, mais Alya, va pas falloir me dire que tu les portes juste parce qu'ils sont à moi, tu prends les plus larges à chaque fois.

Ça va me tuer. Parce qu'elle se fait des films. Hier soir, quand elle s'est endormie sur le canapé, qu'elle a progressivement glissé jusqu'à buter contre mon épaule, que ça a relevé mon t-shirt jusqu'à au-dessus de ses hanches, je mentirais pas, ma respiration s'est accélérée. Et elle, elle s'imagine que quoi ? Qu'elle me fait moins d'effet juste parce qu'elle a porté mes filles ?

Putain Alya. Je me vois juste pas te sortir des commentaires comme ça vu l'état dans lequel t'es. Mais si je pouvais, je le ferais.

- Ouais, je murmure en souriant à ma montre, qui m'indique pour au moins la dixième fois que les filles sont réveillées. Je m'occupe un peu de Maman, et on arrive.

Elle va me tuer quand elle va savoir que j'ai été déposer Tan chez Mikaël avant même qu'elle se réveille, mais une journée un peu plus calme que les autres, ça lui fera pas de mal. Et c'est pas Thanos qui s'est plaint, il a pas arrêté de sourire en préparant tous ses coquillages et ses paillettes pour aller faire des bracelets avec Mila.

Puis je suis revenu me coucher près d'elle, elle avait pas bougé, et l'image m'a juste absorbé. C'est mon cœur qui accélère quand je finis par glisser mes doigts le long de son bras, juste assez pour que ses sourcils finissent par se froncer.

J'aurais pu la laisser dormir, me lever, mais je lui ai promis que ce serait différent, qu'on gérerait à deux. Et j'ai envie. J'ai envie qu'on gère à deux, j'ai envie d'être là quand elle va rentrer dans la chambre des filles, parce que je le suis jamais, elle me laisse jamais.

- Arrête, je souris comme un con quand elle grogne parce que mes doigts sont remontés jusqu'à son cou, Ken arrête, ça chatouille.

Mais faut pas qu'elle croit que j'ai raté son sourire avant qu'elle ne le cache dans l'oreiller.

Milieu d'après-minuit · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant