Chapitre 33

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Alya

Les paumes autour de la tasse de thé que je viens de lui servir, ma meilleure amie s'étale sur le comptoir de la cuisine en grognant.

- Aly, même pas t'as le droit de me regarder comme ça, j'ai dit 1000 fois que c'était mort, elle me fait l'honneur de légender son mécontentement.

J'ai essayé, encore une fois. En fait, je crois qu'on a tous essayé un nombre incalculable de fois depuis octobre ou novembre. Et même si, parfois, ça a l'air de pouvoir mener à quelque chose, ça finit toujours par retomber à plat. Vraiment bien à plat.

- Ça te tuerait pas, je souffle en tirant le siège en face d'elle pour m'y asseoir. C'est pas une enfant Lili, si tu restes de ton côté de la pièce, elle restera du sien, surtout aujourd'hui.

- Pas envie de tenter, Lili me détaille, avant de grimacer. Je l'ai pas vue depuis une éternité, elle lisse son chemisier, et regarde, je sais pas qui elle essaie de berner avec son sourire, je m'en porte magnifiquement bien.

Je cherche même pas à le cacher, je laisse mon air dubitatif transparaître.

- Quoi ? Ça la fait grogner à nouveau. Pitié, on dirait Mathieu. Ou Antoine. Ou Zeu. C'est dur à comprendre que je veux juste pas lui parler ? Que je m'en tape si on se revoit jamais de nos vies ? C'est joli d'aller poser les plus belles fleurs du fleuriste sur la tombe d'Alex maintenant qu'il est mort, mais peut-être qu'il aurait aimé avoir un bouquet à dessiner dans ses carnets quand il était vivant ?

- Va pas me lui dire ça Lili, je fronce les sourcils.

- Pourquoi ? Ma meilleure amie fronce les sourcils à son tour. Parce que ça va lui faire mal ? Mince alors. Elle a pas fait mal à Alex peut-être ?

Cercle infini depuis des mois. Ou colère infinie. C'est pas nouveau qu'elle soit probablement la personne la plus rancunière que je connaisse, mais là ça dépasse largement tout ce qu'on avait tous pu imaginer, Mathieu y compris. Elle ne laisse pas une seconde à Romy pour respirer, elle ne lui donne pas un gramme de compassion, ou de compréhension, et certainement pas un millimètre pour s'approcher d'elle, de Michka, d'Enzo ou de Mathieu. Ou d'Enna d'ailleurs. La seule personne pour qui elle doit serrer les dents, c'est Adeline. Faut partager.

- Vas-y au pire, dis-le, Lili souffle en face de moi. Que je fais l'enfant, que faut que j'arrête, elle me lâche des yeux quand Enzo rentre dans la pièce, Mimi dans ses bras.

- Il a cogné son pied dans la table et tout, En' appuie doucement les jambes de son petit-frère contre Lili.

- Et tu as l'air plus effrayé que lui, ma meilleure amie glisse sa main dans les cheveux d'Enzo, le sourire aux lèvres, donc je pense que mon coeur, elle dépose un bisou sur le nez de son bébé, va bien. Tu rassures ton grand-frère ? Elle caresse la joue de Mimi, qui affiche déjà un grand sourire.

Je crois que même Enzo est obligé de sourire lui aussi quand Michka lève la tête vers lui, avant de rire doucement.

- Ok, En' souffle, vas-y j'ai eu peur, même pas tu pouvais sourire avant au lieu de rester silencieux ? Il chatouille son frère.

- Il voulait voir, Lili récupère Michka, sa maman.

- Tu comptes l'utiliser comme bouclier ? Je souffle en la voyant serrer mon filleul comme si c'était son doudou.

- Si seulement, elle grogne. Ça marche pas, sinon personne m'en parlerait à Enna, encore moins Mathieu.

- De quoi ? Enzo s'assoit à côté de Lili, les sourcils froncés.

Milieu d'après-minuit · NekfeuWhere stories live. Discover now