Chapitre 19

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Julkya nous fait promettre de venir la voir si nous avons besoin de quoi que ce soit, puis, enfin, s'en va. Aussi accueillante soit-elle, mon sourire forcé commence à me faire mal aux joues.

La journée a déjà été longue, mais quand je pousse la porte et pénètre dans notre nouveau logement, c'est le coup de grâce.

Appeler ça un appartement, c'est un peu comme comparer les voitures qui brinquebalent dans les rues de Trekyon à l'immense vaisseau-QG de l'Organisation. Il s'agit clairement plus d'une chambre-et pas d'une grande.

Au moins, plus trace de la blancheur clinique du reste du gratte-ciel. La moquette est rouge, les murs crème. Mais ça ne change rien au fait que je vais devoir vivre ici avec Ross, pendant des semaines-voire des mois-alors qu'il y a à peine la place pour une armoire, un bureau, et un lit.

Un seul lit. Evidemment.

Ross ne perd pas de temps et s'y affale, les bras croisés sous la tête et les yeux rivés au plafond.

- Tu prends le canapé, me lance-t-il.

- Y a pas de canapé.

- Quel dommage. Heureusement, le sol a l'air confortable.

- S'il t'attire tant que ça, je te le laisse.

Il croit vraiment que je vais rester sans protester ? Sur un coup de tête, je m'étale à ses côtés. Je le regrette presque aussitôt. Le matelas est à peine assez large pour être qualifié de deux places. Son bras est collé au mien, la chaleur de sa peau traverse sa chemise, et je suis presque sure que mes mèches lui chatouillent le visage.

Je ne peux m'empêcher de repenser à notre conversation dans la cuisine de Vywyan. A sa silhouette illuminée par le clair de lune, à son torse collé au mien. Je voudrais revenir en arrière, m'éloigner de lui, mais ce serait admettre que je suis gênée-et Cass Jackson n'est jamais gênée. J'ai des principes.

- Mais qu'est-ce que tu fiches ? s'agace mon coéquipier.

- Je m'allonge.

- Le lit est occupé.

- Dommage pour son occupant.

Et sans plus de cérémonie, je lui balance mon coude dans les côtes jusqu'à ce qu'il se décale.

- Espèce de brute, proteste-t-il.

C'est moi, ou il rougit ? L'idée me fait rire. J'ai réussi à le mettre mal à l'aise, lui, le soi-disant robot.

Puis on se retrouve face à face, chacun allongé sur le côté, lui me fixant d'un regard noir et moi me mordant l'intérieur de la joue pour m'empêcher de sourire. Et soudain, je me rappelle que je suis furieuse contre lui.

- Je suis furieuse contre toi.

Il hausse un sourcil ironique.

- Ah, vraiment ?

- On a failli se faire prendre à cause de toi !

- On a failli se faire prendre à cause de toi.

- C'est pas moi qui était à deux doigts de tuer Thétis en plein milieu du réfectoire !

- C'est pas moi qui suis presque tombée dans les pommes quand elle est entrée dans la pièce.

- J'allais pas tomber dans les pommes.

- J'allais pas la tuer.

- Si, Ross.

- Je ne suis pas stupide.

- Tu n'étais plus toi même. Je l'ai vu dans tes yeux. Tu ne contrôlais pas ta colère. Et crois-moi, je sais ce que c'est, je ressens la même chose, mais...

Cass (sf/romance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant