Chapitre 40

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Agnès fit irruption dans notre chambre aux aurores. Claquant la porte de la chambre comme si nous étions aussi sourds qu'elle.

- Debout les jeunes, c'est l'heure de prendre la route ! Maugréa-t-elle.

Je n'avais pas réussi à trouver le sommeil après avoir mordue Ohara, ronger par le sentiment de honte et de culpabilité qui étaient resté dans ma tête toute la nuit. En revanche, cette dernière se réveilla docilement. Elle fit rouler sa tête sur mon torse en me souriant gaiement.

- Coucou, murmura-t-elle encore endormie.

- Coucou, répondis-je en tapotant son nez fin avant de l'embrasser fougueusement.

Nous traînâmes au lit quelques minutes dans les bras l'un de l'autre avant que Agnès ne vienne à nouveau nous voir.

- J'ai dit, debout ! Insista-t-elle.

- Oui, oui, soupirai-je en me levant. On arrive !

Elle souffla visiblement agacée de notre comportement. Si nous devions partir sur-le-champs elle aurait dû nous avertir un peu plus tôt afin que nous puissions nous préparer tranquillement et non à la va-vite comme nous l'avions fait.

Ce fût donc avec une Agnès mécontente et une Ohara exaspérée que je m'enfonçais dans des bois inconnus. Rien de mieux pour commencer la journée.

Agnès empreinta un petit sentier qui avait l'air de ne jamais s'arrêter. Le feuillage des grands érables autour de nous avait pris une teinte rouge-orangé, un spectacle magnifique que je ne me lasserais sûrement jamais de voir.

- C'est tellement beau, commenta Ohara en continuant de marcher.

- Oui, très, confirmai-je en respirant à plein nez l'odeur de la nature.

- Méfiez-vous de ces bois, nous avertit la sorcière. Ils sont capables du pire...

Je ne voyais pas comment une forêt pourrait nous faire du mal. Cela-dit, en repensant à Gwendolyne, la plante que ma mère affectionnait tant, j'eus un semblant de bon-sens et me mit sur mes gardes.

Un pincement au cœur apparut lorsque la douce image de ma mère me vint à l'esprit. Elle me manquait beaucoup... Lazarre, Acacia, Kyle... Même mon père me manquait.

- Ça va ? Demanda Ohara en voyant mon air triste.

- Oui ! Je me demande juste si tout le monde va bien à la maison...

Ohara m'offrit un sourire adorable avant de me prendre la main et de coller sa poitrine contre mon bras.

- Tu es mignon quand tu t'inquiètes !

Je pouffais de rire en la rapprochant plus près de moi. Derrière son sourire éclatant, une tristesse semblable à la mienne était visible.

- Ta famille te manque aussi, hein ?

Ma louve perdit peu à peu sa joie de vivre et afficha un air surpris.

- Oui... Naturellement...

Je stoppai notre marche pour l'enlacer contre mon torse. Agnès continua à marcher devant nous comme si de rien était. Je me sentais très mal pour Ohara. Elle avait aussi renoncée à sa famille pour être avec moi... Je n'avais pas le droit d'être faible dans ce genre de moment. Je devais être présent pour elle et savoir gérer n'importe quelle situation.

- Aller ! On ne s'arrête pas en si bon chemin ! Nous sommes presque au pont ! Appela Agnès qui s'était un peu éloignée de nous.

- Au pont ? Demandai-je à Ohara pour vérifier si j'avais bien entendu.

Sol Lucet Omnibus : Part I - SylasOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz