Le Grand Cerf

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Tous les ans, on constate une disparition d'enfant dans mon lycée. Mais je ne suis pas inquiète, je sais très bien que ma directrice n'en mange qu'un seul par an.


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« On dirait qu'il vous suit du regard. »


C'était toujours ce que déclarait la personne qui entrait dans la maison de ma grand-mère, après avoir posé les yeux sur cette décoration murale. Sur cette affreuse tête de cerf. Le visiteur la regarde une seconde. Une seule. Cela suffit à le faire suer. Personne ne peut soutenir le regard de ce cerf.

Personnellement, il me met extrêmement mal à l'aise. Et j'en viens à redouter le moment où je dois aller voir ma grand-mère. Car dès que je suis chez elle, ce cerf hante mes pensées et mes rêves.

Ma grand-mère, elle, voit cela comme un simple trophée de chasse qu'avait ramené un jour son grand-père. Ou alors, c'est ce qu'elle veut me faire croire. Car elle me dit aussi que cette bête n'était pas un cerf ordinaire. Qu'il s'agissait en réalité d'un animal de légende.

Et quand j'étais petite, elle me disait que le corps du cerf hantait les bois, ce qui me dissuadait d'y pénétrer.

Mais je me rappelle surtout de la comptine qu'elle me chantonnait quand j'étais enfant. Une comptine du village dans lequel elle vit encore aujourd'hui. Une chansonnette paysanne, qui m'a toujours terrifiée.



Vivait un homme, dans la forêt, dansant tard le soir.

Dans la forêt, vivait un cerf, que personne ne voulait voir.


Une tête de cerf, un corps d'humain, tel était son châtiment.

Infligé à celui qui, jour et nuit, torturait des enfants.



Pour la punition, de ce grand cerf, jamais ses danses ne s'arrêteront.

Et pour les villageois qui l'approcheront, le même sort ils subiront.



Devant telle sorcellerie, les villageois,

Craignaient au détour d'un sentier de voir s'agiter ses bois.


C'est alors que le chasseur décida:

« C'est de mon fusil, que ce monstre périra ! »

Le valeureux partit trois jours et trois nuits.

D'une protection contre le sort il se munit


Lors de sa danse, l'horrible cerf surpris,

Fut abattu de deux coups de fusil.


Le chasseur revint, tête monstrueuse sous le bras.

Et au mur de sa maison il l'accrocha,


Lors d'une grande fête il fut acclamé, comme il se doit,

Par tous les villageois, qui ne craignaient plus les bois.


Mais l'on raconte que la bête serait toujours éveillée,

Et que le chasseur elle regarderait, de ses yeux enragés.

𝕻𝖆𝖓𝖉𝖊𝖒𝖔𝖓𝖎𝖚𝖒Kde žijí příběhy. Začni objevovat