Un Noël en Famille

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« Ton ami imaginaire n'est pas réel. » Quand tu l'as accepté, j'ai commencé à disparaître.

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Aujourd'hui, c'est Noël. Comme tous les ans, je suis impatient.

D'année en année les cadeaux sont de plus en plus importants. J'imagine que cette année, pour mes 18 ans, cela va être grandiose.

Aujourd'hui, notre fils a 18 ans. Comme tous les ans, il descend les marches quatre à quatre pour ouvrir ses cadeaux. Il sera sûrement heureux.

Aujourd'hui, papa et maman n'étaient pas là pour me voir ouvrir mes cadeaux, d'ailleurs il y a seulement une boîte. Mais je leurs fais confiance, ça sera magistral.

« Allez fiston, ouvre donc... »

Papa et maman sont restés dans l'ombre, c'est étrange. Mais je leurs fais confiance. Je m'approche de la boîte, une odeur de viande avariée me monte au nez.

J'ouvre.
Un chat.

Mort. 

Sûrement depuis quelques jours, voire quelques semaines.

« Il est mort le jour de ta naissance. C'était notre petit Toby. »

Toby. C'est mon prénom.

« Tu nous as pris notre Toby... aujourd'hui vous ne ferez qu'un. »

Je n'ai pas peur, je leur fais confiance.

Ils m'allongent sur une table et déposent le chat putréfié à mes côtés.
Ils ne m'endorment pas, pour que je puisse 'tout ressentir, comme Toby a ressenti les éclairs foudroyants de sa crise cardiaque.' Je ne sais pas ce qu'il va m'arriver, ça commence à m'angoisser, mais j'ai toujours confiance en eux.

Ma mère tranche partout sur mon corps, elle coupe, lacère. Mon torse.

Mes jambes.

Mes mains.

Mon visage.

Mon crâne.

Partout où elle peut, elle lacère.

Je suis désormais couvert de coupures, le corps lacéré par le coupe-chou de ma mère, celui qu'elle promettait de me donner.

J'ai mal, et Toby baigne dans mon sang, autant que j'y baigne.

Ma mère murmure quelques paroles insensées pendant que mon père tient un livre devant elle, livre qui, il me semble, est en feu. Malheureusement je ne peux rien distinguer, je suis presque dans le coma.

Le lendemain, je me réveille, engourdi, j'ai l'impression d'être mort, j'essaye de parler mais aucun son ne sort de ma bouche. L'odeur de la chair avariée emplit l'air, j'ai envie de vomir. Je me retiens.

Le silence est oppressant. Chez moi, personne.

J'essaye de me lever. Je ne sens pas mes bras, ni mes jambes; c'est comme s'il ne me restait plus que le torse, je me demande pourquoi je suis encore en vie.

Depuis mon réveil, j'avais à nouveau fermé les yeux, le soleil m'éblouissant.
Je les ouvre enfin. Au plafond, un gigantesque miroir, que je n'avais jamais remarqué avant.
J'essaye à nouveau d'ouvrir la bouche, pour hurler, vomir.

Mais je n'y arrive pas.

Tant bien que mal, je déglutis.

À mon visage est greffée la gueule de Toby.

À mes bras sont greffées les pattes avant de Toby.

À mes jambes sont greffées les pattes arrière de Toby.

Des touffes de ses poils sont greffées partout sur mon corps.

Je suis devenu Toby. Le vrai Toby.

𝕻𝖆𝖓𝖉𝖊𝖒𝖔𝖓𝖎𝖚𝖒Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ