Mon Groupe de Soutien Préféré

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Alors que les sirènes approchaient, j'ai réalisé que quelqu'un avait trouvé le corps. Il était temps, il m'a tuée la semaine dernière.


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D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été un crevard de la pire espèce. Vous voyez, dans un groupe de personnes, il y a toujours un idiot qui ne comprend rien à rien. Eh bien moi, je suis celui qui va trouver cet idiot, et le rabaisser ouvertement. Et pour ça, je suis un bel enfoiré, doublé d'un paresseux de haut niveau. Bref, la combinaison de trop.

Mais récemment, j'ai rejoint un groupe de soutien. Rien d'extraordinaire, il était tout ce qu'il y a de plus banal. Nous nous sommes rencontrés en ligne, et avons très vite convenu d'un endroit calme pour notre première réunion. Une fois tout le monde sur place, nous nous sommes assis en tailleur, formant un cercle. Un vrai truc de hippies. L'un d'entre nous s'était déjà levé et avait pris les devants en versant une tasse de thé à chacun, avant de prendre la parole.

« Bonsoir, je m'appelle Jérôme. Vous pouvez boire votre thé, mais uniquement après avoir révélé aux autres la raison qui vous a poussé à être avec nous ce soir. Si vous le permettez, je vais ouvrir le bal. »

Jérôme nous a alors raconté que personne ne l'avait jamais aimé. Je pouvais facilement deviner pourquoi, ce mec était moche comme pas deux. Après avoir terminé, et pris une gorgée de thé, il a passé la parole à la petite brunette située sur sa gauche.

« Miyu, a-t-elle dit tout simplement, avant de compléter : mes parents. »

Court et précis, pas de fioritures. Je l'aimais bien, cette Miyu. Ce n'était sûrement pas l'idiote du groupe. Avant d'arriver jusqu'à moi, la parole est passée par un vétéran de guerre amputé des deux jambes, un homme d'affaire ruiné, un drogué, et une vieille femme malade. Puis, enfin, mon tour est venu. Sobrement mais fermement, j'ai expliqué la raison de ma venue.

« Je suis un enfoiré. Tout le monde me déteste. »

Dès que j'ai eu fini, je me suis empressé de prendre une gorgée de thé Oolong pendant que le petit gros avec un œil au beurre noir prenait la parole, nous racontant ses déboires d'obèse. Quand il a eu fini à son tour, il a goulûment avalé sa tasse de thé.

À peine quelques secondes plus tard, Jérôme s'est écroulé, comme foudroyé, suivi de Miyu. Surpris, le petit gros a lâché un couinement.

« Qu'est-ce qui se passe ? » A-t-il geint, alors qu'autour de nous, ils tombaient tous un par un comme des mouches.

Parfait, j'avais trouvé l'idiot.

« Eh bien, tu savais à quoi t'attendre en rejoignant un groupe de soutien pour suicidaires, non ? Ai-je répondu, crachant par la même occasion le thé qui macérait dans ma bouche depuis maintenant quelques minutes. Ils soutiennent les suicidaires. Personne n'a envie de mourir seul, gamin. »

À ce moment précis, il était devenu blanc comme un linge, ses yeux écarquillés dirigés au fond de sa tasse. Sans doute mon instant préféré.

Ces réunions de suicidaires sont vraiment un endroit de choix pour un sadique, et, cerise sur le gâteau, je n'ai jamais eu à lever le petit doigt.



Je vous avais bien dit que j'étais un bel enfoiré, doublé d'un paresseux de haut niveau.

𝕻𝖆𝖓𝖉𝖊𝖒𝖔𝖓𝖎𝖚𝖒Where stories live. Discover now