Mon Frère #2

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Extrait du cahier n°1 ; « Un souvenir » :


C'était à l'époque où l'on vivait à ____, quartier d'ailleurs très ennuyeux. Tu sais, le tag. « Le quartier le plus vert de la ville ». Ils en sont très fiers. En vérité, c'est juste devenu ennuyeux. Les adultes venaient habiter ici pour s'éloigner du brouhaha de la ville, mais je préfère le chaos de la ville plutôt que cette vie de bohème campagnarde.

Et de toute façon, c'était des conneries parce que tout le monde a déménagé ici et c'est juste devenu une partie de cette ville dégueulasse. Engloutie. Assimilée. Envahie.

Bref, à l'époque j'avais neuf ans et pas beaucoup d'amis (HAHA), mais j'avais CET ami, I. Il habitait de l'autre côté de la rue. Parfois, on jouait au papa et à la maman (les gars, vous avez forcément déjà joué à ce jeu, ne prétendez pas que vous ne l'avez jamais fait), et parfois, on allait explorer le voisinage, ce qui était pratiquement la même chose.


Je pense que je devrais décrire la redoutée « Maison hantée ». J'ai raconté cette histoire un nombre incalculable de fois, et je décris toujours des détails différents. Mais de toute manière, c'était dans un coin très reculé du voisinage, là où les riches demeures laissaient place aux maisons délabrées et aux immeubles insalubres, là où avaient lieu tous les cambriolages. Il y avait l'entrée principale, un vieux portail en acier noir, auquel on accède en suivant un long chemin boueux (à cette époque, le quartier ressemblait vraiment à la campagne), jusqu'à cet ÉNORME terrain, qu'on voyait de dehors. La propriété toute entière était entourée de fils barbelés et d'avertissements comme « Interdit au public ». L'endroit était vieux et sinistre. Il y avait une petite cabane derrière la maison, des jardins défraichis, et enfin le bâtiment principal, où je suppose que les gens habitaient. Il y avait une piscine, mais toujours vide, et je n'ai jamais vu aucun chien de garde malgré les avertissements.

I était complètement obnubilé par cet endroit. Il parlait d'histoires de fantômes, ces livres « Chair de Poule » lui étaient montés à la tête (il n'était pas aussi fou que je le suis maintenant), et il voulait aller explorer les environs. J'ai dit non, mais il a insisté, et il était mon seul ami. Je le voyais tous les soirs après l'école. On a fini par aller l'explorer. Trois fois. Et chaque fois était pire que la précédente. Est-ce que j'ai dit que les arbres étaient les plus flippants que j'aie eu l'occasion de voir ? Ils n'ont jamais fleuri ni eu aucune feuille. C'étaient de vieux piliers de vieux bois, et parfois ces ÉNORMES oiseaux noirs, comme des corbeaux, venaient se percher sur les branches. C'était horrible.


La première fois que nous y sommes allés, il ne s'est pas passé grand-chose. Nous ne sommes pas rentrés dans le jardin la première fois. On s'est d'abord défié d'aller voir à l'intérieur, mais nous étions tous les deux effrayés. On s'est juste baladé autour de la propriété, en essayant de voir quelque chose d'effrayant. On a aperçu de loin un homme flâner avec un bâton à la main, probablement un garde, et quelques silhouettes, mais il y avait énormément de brouillard ce matin-là et on ne voyait pas grand-chose.

J'ai parlé de ce long chemin boueux qui mène à l'entrée de la maison qui ressemble à celle d'un méchant dans les films pour enfant. On regardait toujours autour de nous sur le chemin, parce qu'on avait peur qu'il y ait des chiens ou autre chose. On faisait du vélo ici. Alors après une heure à traîner autour de la maison à essayer de trouver quelque chose qui en vaille le coup, nous sommes retournés à l'entrée du chemin, avec l'intention de retourner chez nous. On avait laissé nos vélos devant le portail.
Lorsque nous sommes retournés à l'entrée, nos vélos avaient disparus. I. jura pour la première fois, du moins, c'est la première fois que je l'entendais. C'est plutôt choquant pour une petite fille de 9 ans bien élevée, comme moi. Mais ce n'était pas BIZARRE, nous étions juste stupides de les avoir laissés là et d'être partis. On a supposé que des enfants les avaient pris.

𝕻𝖆𝖓𝖉𝖊𝖒𝖔𝖓𝖎𝖚𝖒Where stories live. Discover now