Confessions d'un Plongeur en Haute Mer

24 2 0
                                    

Je travaille de nuit comme agent de sécurité. Il y a une silhouette qui me sourit sur la caméra du grenier.

_________________________________________

J'ai récemment démissionné de mon poste de plongeur en haute mer. Je travaillais pour une grosse boîte qui propose des prestations relatives à la plongée sous-marine allant du sauvetage à la démolition sous-marine, en passant par la réparation de bateaux et la recherche et récupération. Ils sont très réputés dans le milieu et reconnus pour leur fiabilité et leur sûreté. À tel point qu'ils sont souvent sollicités par le gouvernement. Pour être honnête, ça va vraiment me manquer de bosser pour eux. Les gens avec qui je travaillais sont vraiment la crème de la crème. Mais il y a une limite à la quantité de trucs inexplicables qu'un homme peut tolérer avant de tirer définitivement un trait sur l'océan. Voici quelques exemples de secrets que beaucoup de plongeurs emportent avec eux dans la tombe.

Sur le chemin d'une mission pour laquelle on avait été contactés, notre moteur s'était enrayé. J'ai enfilé ma tenue pour aller la désentraver. Après une brève inspection j'ai repéré une épaisse corde enroulée autour de l'arbre et de l'hélice. J'ai notifié mon superviseur, qui m'a fait descendre un sac en toile contenant les outils nécessaires pour couper la corde. J'ai accroché le sac à l'arbre du moteur et je suis parti libérer l'hélice. C'était rapide, et je suis retourné vers le sac. J'ai cru entendre un bruit étrange quand j'ai laissé tomber les outils dedans, un peu comme un son de coquille écrasée. Quand j'ai regardé à l'intérieur, il était rempli de gros coquillages, pour la plupart réduits en miettes par les outils que je venais de jeter. Une fois sorti de l'eau et débarrassé de mon équipement, je les ai examinés. Ils avaient ce qui ressemblait à des hiéroglyphes gravés sur la coquille. Un des anciens de l'équipe m'a alors appris que c'était plutôt rare, mais que c'était déjà arrivé à quelques gars avant moi.

Une autre fois, on était en mission de récupération d'un aéronef militaire. Quand on est arrivés, des vaisseaux de la Marine nous attendaient pour qu'on le leur remonte. On nous a rapidement briefés : ils avaient perdu la communication avec le pilote et voulaient retrouver l'épave pour pouvoir démarrer l'enquête. J'étais assigné à la « comms and logs » (communication avec les plongeurs et supervision de la profondeur et de l'ABT) quand les plongeurs ont atteint la cible. D'après eux, l'avion était intact. Ça nous a tous surpris. Notre supérieur leur a demandé de décrire l'ampleur des dégâts, ils ont répondu qu'il n'y en avait aucun. Genre, pas une égratignure. Il était juste posé au fond. Et, plus surprenant encore, la verrière était toujours en place. Ça veut dire que le cockpit était toujours scellé. En d'autres mots, le pilote ne s'était pas éjecté. Mais il était introuvable. On a remonté l'avion et l'armée a pris le relai. On n'en a plus jamais entendu parler.

J'ai aussi été témoin d'un phénomène étrange à la surface de l'eau, sur le chantier d'une démolition planifiée. Je me dois de préciser qu'une des façons de suivre la position d'un plongeur quand il est sous l'eau est de surveiller son chapelet de bulles. Quand un plongeur inspire, le régulateur d'oxygène à la demande de son scaphandre lui prodigue de l'air grâce à un tuyau. Et puis quand il expire, l'air est évacué dans l'eau et remonte à la surface. À la surface, on peut voir les bulles et ça indique grossièrement la position des plongeurs. Bref, pour cette mission, on était à des centaines de kilomètres de la côte avec deux plongeurs dans l'eau. Après environ une heure de plongée, on a commencé à remarquer un phénomène étrange. On pouvait distinctement voir 3 chapelets de bulles émaner de leur position. Au début on a cru que c'était à cause du courant. Mais après ça on a vu un quatrième chapelet arriver un peu plus loin. Il s'est arrêté à environ 6-7 mètres des plongeurs, juste à côté des autres mystérieuses bulles. On a demandé aux plongeurs, mais aucun des deux ne voyait quoi que ce soit qui sorte de l'ordinaire. Et tout d'un coup, même depuis la surface, on a entendu un hurlement à glacer le sang, qui venait des profondeurs. Puis plus rien. Les plongeurs n'étaient pas tellement inquiets, on entend des trucs étranges tout le temps. Le son se propage facilement sous l'eau, et on finit par systématiquement supposer que la source est en fait très loin. Mais peu de temps après, il nous a semblé voir l'eau se mettre à bouillir au loin, et ça se rapprochait. Sauf qu'elle ne bouillait pas vraiment, en fait. C'étaient d'innombrables chapelets de bulles qui avançaient dans la direction des plongeurs. Notre superviseur leur a ordonné de remonter au dernier palier de décompression pour qu'on puisse les sortir de l'eau. Les bulles étaient dangereusement proches à ce moment-là, et les plongeurs ont dit qu'en remontant ils avaient commencé à apercevoir des silhouettes sombres au loin. Mais ils n'ont pas pu bien voir ce que c'était. On a décidé unanimement de les remonter avant qu'ils ne puissent finir leur arrêt de décompression et on les a mis dans le caisson hyperbare.

𝕻𝖆𝖓𝖉𝖊𝖒𝖔𝖓𝖎𝖚𝖒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant