Mes Deux Premiers Fils Sont Morts À La Naissance

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Mes deux premiers fils sont morts à la naissance. Le premier était prématuré, il est né deux mois trop tôt. Le deuxième est mort quelques heures après avoir été mis au monde, d'une insuffisance respiratoire. Ma femme avait accouché deux semaines avant la date prévue. Un grand choc pour moi, accompagné peut-être d'une certaine culpabilité. Mon diplôme de chirurgien m'avait été inutile dans cette situation.

Ma femme et moi avons eu beaucoup de mal à traverser ces épreuves. Je l'ai toujours soutenue, et nous n'avons jamais perdu espoir.

Mais, un jour, un doute s'est emparé de mon esprit. Je ne sais plus vraiment quel jour, quelle heure, quelle minute a changé ce qu'était mon esprit auparavant. Le doute était infime au début. Mais il a fini par me dévorer complètement. Je ne pensais plus qu'à ça. Je n'osais même plus regarder ma femme dans les yeux.

C'était de sa faute. Mes enfants naissaient trop tôt. Tout était de sa faute.

Tout était de sa faute.

Je ne ressentais plus rien pour elle, mais elle tomba malgré tout enceinte une troisième fois. Le cauchemar allait recommencer si je n'agissais pas.

Mais comment régler ce problème ? Je n'allais quand même pas l'empêcher de pouvoir accoucher, c'était inconcevable.

Pourtant.
Un appareil de couture et beaucoup de concentration pour ignorer les cris. C'est tout ce qu'il m'a fallu. En deux petites heures, son col de l'utérus était complètement hermétique. A présent, il fallait attendre.

Je n'avais nullement besoin de notre deuxième salle de bain, c'est donc là qu'elle resta en attente du résultat. Les sept premiers mois, sa grossesse se déroula sans accroc.

Au huitième mois, ses complaintes devinrent plus fréquentes. Elles se muèrent en cris au neuvième mois.
Je fus le premier surpris, mais mon système, certes précaire, semblait fonctionner. Bien que des contractions se produisirent, dans une douleur certaine comme c'était à prévoir, il ne se passa rien. Bien qu'elle perde les eaux, ce fut en moindre quantité que les deux dernières fois, à en juger par le peu de liquide qui stagnait dans le fond de la baignoire.

Mais ce qui me surprit le plus, ce fut au dixième mois.

Le cœur du bébé battait encore.


Cela fait bientôt un an et trois mois que cette curieuse histoire a commencé. Ma femme ne fait plus aucun mouvement, mais vit encore, je ne sais pour combien de temps. Il ne lui reste plus grand-chose à faire, elle a déjà tant accompli pour notre enfant. Son ventre a une taille bien supérieure à la normale, j'estime son poids à quatorze kilos. Elle est clouée au sol.

Je pense qu'il va bientôt être temps pour moi de libérer notre fils.


J'entends des grognements à travers la porte de la salle de bain. Et ce n'est pas la voix de ma femme.

𝕻𝖆𝖓𝖉𝖊𝖒𝖔𝖓𝖎𝖚𝖒Onde as histórias ganham vida. Descobre agora