Chapitre 10. ✔️

17.7K 714 188
                                    

Je me réveille lorsque je sens le matelas se mouvoir derrière moi. En regardant par-dessus mon épaule, j'aperçois le dos musclé de Liam. Même dans l'obscurité, je peux voir à quel point ses trapèzes et autres muscles dorsaux sont tendus. Son corps frissonne un peu et tout à coup, il roule pour me faire face.

Son visage est tordu dans l'inconfort, les sourcils froncés. Ses lèvres sont pincées et j'ai l'impression qu'il fait un cauchemar. Je le fixe pendant quelques secondes avant de me redresser. J'ai un peu mal à la tête, sûrement parce que j'avais beaucoup pleuré il y a quelques heures. Je contemple quelques secondes la fenêtre. Je rabats la couverture et mes pieds touchent le sol froid. Le lit bouge. Je zieute et remarque Liam levé, s'étirant le dos. Il ne prononce rien.

En me remémorant ce qu'il s'est passé il y a quelques heures de cela, je ferme les yeux et suis prête à pleurer à nouveau. Je respire un bon coup et reste immobile en m'accrochant au bord du lit. Mon ventre grogne un bon coup, je crois que Liam l'a entendu, mais il ne s'en préoccupe pas. Il enlève seulement son T-shirt noir. Des cicatrices apparaissent, certaines sont plus grandes que d'autres, quatre grandes traces rouges sont ancrées dans sa peau. Je grimace, dégoûtée et ne désirant pas voir ça.

Je me lève finalement en restant taciturne. Rien n'interrompt le silence pesant. N'ayant qu'un T-shirt pour me protéger du courant d'air, des frissons apparaissent, hérissant les poils de mes bras. Je croise les bras pour me réchauffer.

— Ce n'est pas beau, n'est-ce pas ?

Je tourne les yeux vers le bourreau alors qu'il murmure d'une voix presque inaudible. Je ne réponds rien ; je hoche simplement la tête. Je reste statique, tout comme lui. Bien que je ne veuille pas m'intéresser à sa vie minable, je n'arrive pas à contenir les questions qui me submergent. De quelle manière ces marques ont-elles pu être infligées ? Pourquoi y en a-t-il autant ?

Pourquoi a-t-il enlevé son T-shirt d'ailleurs ?

— C'est ce que tu risques d'obtenir si tu n'écoutes pas.

Je le fixe droit dans les yeux, cet homme me trouble – dans le pire dans du terme qu'un dictionnaire pourrait donner. Je n'ai toujours pas digéré les précédents événements. Et même certaines personnes diraient qu'il n'a rien réellement fait, qu'il n'a pas passé la barrière de mes vêtements ; je sens ses lèvres, ses doigts. Je me sens livide.

Je secoue la tête, consciente de le dévisager depuis trop de temps.

Je me reconcentre sur les blessures qui témoignent de l'horrible passé de son personnage. Je les compare à certaines que l'on peut aussi dénoter sur mon corps. Ces marques ne sont pas belles, si je peux les décrire – elles ne sont pas aussi visibles que les siennes, mais on peut les distinguer au toucher – c'est tout ce que je sens lorsque mes doigts rentrent en contact avec la peau de mon dos. Mon passé n'a pas été des plus joyeux et j'en conclus alors que le sien non plus.

Mais qui aurait pu...

— Ces marques... Tu étais battu ?

Ce genre de questions n'est jamais facilement abordable – mais je tente tout de même l'approche. Il ne me répond pas. Sa lèvre prise entre ses dents, il plissa des yeux. Je veux savoir ce qu'il voit dans ses souvenirs, ce qu'il pense, mais il ne me le dit pas. Il m'observe attentivement comme s'il analysait ce que je viens de dire ou alors essaye-t-il de savoir si ma question était sérieuse ? Tente-il de répondre une réponse convenable ?

Impossible.

A moins que....

— Tu... Oh putain. Tes parents te...

Je ne sais pas si je suis choquée ou ébranlée (ou les deux), mais je sais que ce n'est clairement pas de la pitié – ou un peu.

— Fini les interrogations, on a des choses à faire.

PURSUED [terminée]Where stories live. Discover now