Chapitre 34. ✔️

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QUELQUES JOURS PLUS TARD.

Voilà quatre ou cinq jours qu'Aurélie est revenue vers moi. Cependant, même si elle a accepté de rester patiemment ici, tout le monde voit bien qu'elle ne s'y plaît pas et que tout ce qu'elle souhaite, c'est d'en finir. Elle mange très rarement, grignote – tout au plus. Elle reste de très longues heures dans la salle de bains et j'entends souvent l'eau coulé.

Quand je viens la voir, elle ne parait ne pas ressentir d'émotions et se comporte comme si rien n'était arrivé et comme si tout allait bien et lorsque j'essaye de placer quelque chose, pour la rassurer ; elle vomit, alors qu'elle n'avale rien. Elle devient de plus en plus maigre et de plus en plus faible. J'essaye malgré tout de la faire manger – enfin, avec l'aide de Hugo en tout cas. Il arrive mieux à « sympathiser » avec elle en quelques heures que moi en plusieurs jours. Je crois qu'elle « tolère » mon collègue, mais sans plus.

Lorsqu'il lui prépare à manger, je sais qu'elle ne veut rien manger, qu'elle n'a pas faim, voire qu'elle n'aime pas ce qu'Hugo lui prépare, mais elle est certainement trop polie pour ne pas manger ce que quelqu'un a préparé pour elle. Quand elle me surprend à la regarder et je détourne immédiatement les yeux évitant tout sourire, parce qu'il n'y a – en vrai, rien de drôle.

C'est la nuit qui est le plus dur.... Alors qu'elle doit dormir, elle préfère rester en bas, ne voulant pas rester cloîtrée dans une pièce sans lumière. Quand elle s'endort, je l'amène dans sa chambre et reste quelques minutes pour m'assurer que tout va bien et qu'elle ne se réveille pas. Une fois – et seulement une fois, elle m'a supplié de rester près d'elle, de ne pas la laisser seule. Mon pouls s'est accéléré ce soir-là, mais ensuite, lorsque je me suis couché près d'elle, que je l'ai serré dans mes bras, elle a susurré un « Merci Marcus ». C'était le pire coup de poignard qu'elle a pu me donner.

Cependant, je n'ai rien fait, je l'ai simplement enlacé un peu plus jusqu'à qu'elle s'endorme. Emile lui a dit beaucoup plus de choses que je ne le pensais en fin de compte... Je suis sûrement encore loin de tout ce qu'elle ne me dévoile pas et ne souhaite pas dire.

Je suis partie avant qu'elle ne se réveille le matin même.

Aujourd'hui, après quelques heures sans la voir, je l'aperçois ; la voilà, dans le bain. Elle ne me voit pas arriver, mais je sais qu'elle m'a entendu : sa tête a quelque peu tourné sur le côté, le coin de son œil droit me fixant d'un air las. Le son de son corps bougeant dans l'eau atteint mes oreilles et alors que j'arrive à hauteur de la baignoire, j'aperçois ses traits complètement détruits, les yeux enflés et injectés de sang. Ses cheveux sont lâchés, coincés derrière les oreilles et à moitié mouillé par l'eau.

Je peux lire de la douleur derrière ses yeux marron. Une douleur qui ne cessera que lorsque tout cela sera fini.

Je prends un tabouret pour me placer à côté d'elle. Je n'ose pas la toucher au risque de la faire pleurer, je ne parle pas au risque qu'elle ne me crie de me taire ou qu'elle s'enfuie pour éviter tout contact humain. Néanmoins, c'est elle qui prend la parole en première :

— Tu sais ce qui est le plus dur...

Je hoche négativement de la tête.

— C'est de savoir qu'il était là, non loin de moi et que j'ai été assez conne pour ne pas voir tout ce que j'ai loupé. À cause de moi, il est encore là-bas avec ce fils de pute.

Quand elle se met à pleurer, ça devient bien plus dur de garder une expression neutre. Aurélie plaque ses mains sur son visage pour essuyer ses larmes. Mon cœur se brise à entendre ces mots s'échapper de ses lèvres. Ce n'est pas de sa faute. En aucun cas, putain, il faut qu'elle le sache. J'ouvre la bouche pour parler, mais elle continue d'une voix faible :

PURSUED [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant