PURSUED [terminée]

Chapitre 16. ✔️

Je tombe à terre brusquement en grimaçant de douleur lorsque Hugo me met une magnifique droite. Je ne cesse de gémir ma peine depuis quelques minutes, mais cela ne semble pas déranger le ténébreux. En le dévisageant, je l'aperçois me faire signe de me relever, tout en gardant sa position de combat. Je grogne.

Il m'a réveillée de bonne heure ce matin. Il est simplement rentré et est sorti en chuchotant : « tu as 5 minutes pour te préparer sinon je le fais ». Je n'ai pas voulu mettre à l'épreuve ses menaces – il fut d'ailleurs très étonné (autant que moi, je tiens à la préciser) de me voir en bas en 3 minutes.

Je suis essoufflée et j'ai mal à force de recevoir des coups gratuitement. Ceux-ci sont moins violents et moins secs que ceux de Liam ou des autres, mais on peut sentir le nombre d'années d'expérience qu'il a dû acquérir en fréquentant une salle de boxe – ou juste en fréquentant le bourreau tout court.

— Lève-toi, ordonne-t-il.

Je me redresse – difficilement. J'ai à peine le temps d'étirer complètement mes deux jambes que je prends un nouveau coup dans le ventre. Je m'effondre en toussant tout en maintenant mon abdomen.

Le fils de chien.

— Et tu dis être un agent ? Laisse-moi rire, ricane-t-il.

Je ne relève pas son commentaire. Sa moquerie m'irrite et me donne bien envie d'aller l'envoyer se faire cuire un œuf. Seulement, je ne peux rien faire : à chaque fois que je me mets sur pied, il ne se gêne pas pour m'infliger un poing bien placé pour rencontrer le sol tout de suite derrière. Bien que plusieurs facteurs, qui expliqueraient mon incapacité à riposter, rentrent en compte ; je commence vraiment à me demander si ces années d'apprentissage m'ont servi à quelque chose.

— Tu ne surviras pas longtemps si tu as un autre adversaire.

Encore une réplique dont je ne peux pas réellement en retenir le sens : comment veulent-ils que j' « affronte » quelqu'un d'autres qu'eux, s'ils me tabassent jusqu'à la mort à la moindre occasion ? Ils n'ont pas les boulons à leurs bonnes places à mon avis.

Je laisse passer ma main sur ma lèvre, en la regardant attentivement j'aperçois du sang sur celle-ci. Il m'achève de plus en plus.

— Si tu arrêtais de me donner un coup à chaque fois que je me lève. Ça serait cool, préféré-je.

Il hausse les sourcils tout en gardant son air sérieux. Il s'approche et me met sur pied en saisissant mon bras. Malgré sa poigne serrée, je le remercie mentalement de ne pas avoir pris mes cheveux à la place.

— Car tu crois qu'un autre s'arrêtera lorsque tu seras à terre ? Tu crois qu'il fera une pause, car mademoiselle veut qu'il attende qu'elle soit sur pied pour attaquer ?

Il lâche mon bras et me regarde avec tout le dédain qu'il est possible de prendre avant qu'un sourire nuancé d'amusement ne vienne arborer son visage crème. Il s'éloigne de quelques pas.

— Dans quel monde de princesse tu vis Aurélie ?

Actuellement, je vis dans celui des frères Grimm.

Je le dévisage attentivement sans prononcer un mot. Nous nous mesurons du regard pendant une bonne minute, nous demandant lequel cédera en premier. J'abandonne finalement le combat lorsque je m'avoue vaincue.

Il a raison et je ne peux pas le nier.

Encore une fois, je passe ma main sur ma lèvre afin de vérifier si je saigne encore (c'est le cas). Je m'avance vers lui pour attaquer. Il l'esquive en attrapant mon pied et me met au sol aussi facilement que durement. Il reste sur moi et s'appuie sur ma jambe en l'air.