Chapitre 6. ✔️

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Il me tire par le bras sans que je puisse trouver la chance de me défaire. Rien. Je ne peux strictement rien faire avec lui me tenant le bras. Il me tire comme un chien jusqu'à la cuisine, là où le blessé est resté. Le schlass qu'il a reçu dans l'épaule est désormais enlevé. Du sang coule sur le carrelage crémeux.

— Putain... murmure le blond.

Je ne l'ai pas loupé. J'ai tellement cru que cette fois-ci, la chance me sourirait et que j'aurais pu m'enfuir d'ici. En fait, tout ce que je veux, c'est la liberté. Et j'ai l'impression de n'avoir jamais eu le droit à ça. Tout au long de ma vie j'ai été comme emprisonnée dans une prison invisible. Celle qui me maintenait cloitrée entre quatre murs, celle qui m'interdisait de sortir au risque de rallonger ma peine. Aujourd'hui elle devient réelle.

C'est un véritable enfer.

— Tu m'impressionnes Aurélie, semble se réjouir Liam. Mais avoir blessé un de mes coéquipiers te coûtera très cher, m'affirme-t-il sur un ton froid.

Je n'ai pas peur. Enfin, je tente de me le convaincre du moins. Je n'ai jamais été ce genre de filles qui craignait ce qui allait se passer après. J'avais ce goût du danger et de l'inconnu, même au risque d'en ressentir la douleur. Au fond de moi, cependant, j'ai une partie totalement opposée. Elle a peur, elle est terrorisée. De tout. Et même avec ce sentiment, je continue ; comme si je ne pouvais pas m'en empêcher. Je suis trop lucide pour ne pas voir les désastres.

Pour la première fois de ma vie, je pense avoir un talent de télékinésie : je crois entendre tout ce qui lui passe par la tête juste en le regardant dans les yeux. Ils me transpercent, comme une perceuse qui voudrait trouer un bout de bois. Le hors-la-loi me toise comme si j'étais abjecte. Ses cheveux brun foncé sont désormais en désordres et une touffe de mèches longues tombe sur son front, cachant quelque peu ses yeux. Il est désormais un peu plus rasé tout en gardant ces poils qui recouvrent son menton et sa mâchoire.

Je garde la tête haute. Je montre qu'il ne m'atteint pas. J'essaie de rester forte. Je ne dois pas être une de ces perdantes qui abandonnent au premier coup qu'elles reçoivent. Non. Je serais ravie d'être de celles qui encaissent les coups sans broncher.

Je tente de me défaire en balançant mes bras de droite à gauche, en faisant la même chose avec mon corps. Il me tient férocement, comme un lion qui retiendrait sa proie. Tout ce que j'ai réussi à faire c'est d'accroître la douleur aux poignets à cause de sa main qui se resserre encore plus.

Je décide de lui mordre le bras. Il eut un cri de douleur puis me lâche. Je n'ai pas le temps de faire un seul mouvement que je grimace lorsqu'il attrape mes cheveux : il est à la limite de me les arracher.

Je dois penser à les couper.

Il commence à marcher, la touffe de cheveux toujours coincés entre ses doigts. Je suis traînée dans les escaliers rapidement.

— Reste ici, grogne-t-il d'une voix grave.

Il me jette dans une pièce ténébreuse et referme la porte derrière lui. Je me précipite directement vers elle, mais manque de chance, j'entends le bruit de de la serrure, bloquant ma seule issue. Ma vie est pathétique. Je ne risque pas de bouger du coup.

Je l'entends rigoler derrière la porte. Sa voix s'éloigne. 

Eh bien ! heureusement que je n'ai pas peur du noir, car je pense que j'aurais déjà fait une crise d'angoisse il y a longtemps avec toutes ces sombres pièces.

Je me laisse tomber contre la porte et soupire. Je repense à toute ma vie d'avant, comment elle était avant tout ça n'arrive. Avant que tout n'arrive.

PURSUED [terminée]Where stories live. Discover now