Chapitre 20. ✔️

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C'est vide. Trop vide. Tout semble calme depuis le coup de feu dans la cave. Je n'ai pas bougé depuis et je n'ai pas revu Christina non plus. J'ai finalement compris qu'elle était partie, loin de tout ça et qu'elle ne reviendrait sûrement pas.

Je n'ai vu personne d'autre mis à part le démon qui vient me voir chaque jour pour s'assurer que je n'ai pas fui et que je mange quelque chose. Une nourriture que je n'ai pas touchée par ailleurs. Plutôt crever de faim – c'est ce que je pensais à chaque instant. Plus les jours passent, plus mon espoir de partir diminue.

Plus le temps avance, plus j'ai le sentiment que personne ne me cherche.

Je garde espoir que je sois cette personne assez importante dans la vie de quelqu'un pour que l'on remarque mon absence, ou même juste, que l'on sache qui je suis. Bien que je ne sache pas combien de temps j'ai disparu à proprement parler (pas plus de 3 semaines éventuellement), je sens que l'on doit me chercher. Un avis de recherche a dû être lancé à mon égard. Le seul hic, c'est que la police ne sait jamais de quelle manière commencer les fouilles lorsque la personne disparue n'a pas de proches encore en vie.

En gros, je ne pouvais compter que sur moi pour espérer un jour revoir ma baraque, mon chat (qui doit être en train de mourir de faim) et mon train train quotidien, qui étrangement, me manque énormément.

Pour une fois dans ma vie, je me sens complètement seule. Pas cette solitude que l'on ressent lorsque quelqu'un n'est pas là, ou encore que l'on mange seul le midi à la cantine. Je me sens comme cet astre vagabonde perdu dans l'espace, qui n'est rattaché à aucune étoile, n'a pas d'identité et n'a pas de système solaire fixe. Je me sens comme arrachée d'un cocon de poussières, déchue de l'univers, exilée, errants parmi des silhouettes.

Mon ventre gargouille bruyamment. Je regarde une énième fois l'assiette posée sur le bureau non loin de moi. Mon estomac me supplie de manger le contenu pour rassasier cette faim, qui devient de plus en plus grande.

La porte s'ouvre.

Je n'ai même pas besoin de tourner la tête pour savoir qui se tient debout, droit comme un I derrière moi, attendant sûrement que mes yeux bougent pour que je le fixe. Que je le défie une énième fois pour encore me punir plus tard. Mais je n'en fais rien. J'en ai assez de tout ça. J'ai perdu beaucoup plus qu'il n'était prévu à ce jeu-là.

Liam apparaît rapidement dans mon champ de vision, en s'approchant de la table. Il zieute les haricots et la viande rouge que je n'ai pas touchés, avant de hausser les sourcils. Il me dévisage en saisissant l'assiette.

— Tu comptes manger ? insiste-t-il dans un soupire.

— Va te faire foutre.

C'est tout ce que j'ai là lui dire. Je tourne le visage vers la porte, refusant de continuer à le voir. J'entends qu'il pose le plat. Il fait un pas vers moi. Son bras saisit le mien pour me relever. Il prend mon visage entre ses doigts et me m'oblige à fixer ses yeux marrons. Je rétorque en plissant les yeux.

— Quoi ?

Il me détaille longuement, avant de me lâcher. Mr. Bourreau se mord la lèvre, puis répond en glissant nerveusement sa main dans ses cheveux en bataille :

— Si tu veux mourir Aurélie, il faut me demander.

Ses yeux, un peu perdus, un peu éteints, s'interrogent. Si c'était possible, oui, je le désire, je souhaite mourir. Mais je suis bien trop précieuse à ses yeux pour qu'il me tue. Il sort un paquet de cigarettes de sa poche et s'en colle une entre les lèvres. Il l'allume. Une première bouffée et recrache la fumée.

PURSUED [terminée]Where stories live. Discover now