Chapitre 31. ✔️

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Espèce de pute, viens ici.

Mon père attrape ma mère fragile par les cheveux et l'envoie à l'autre bout de la pièce de toutes ses forces. Elle est projetée contre le mur du salon en fracassant par ailleurs la une grande lampe par terre. Le visage de ma mère est amoché et son nez est probablement cassé. Elle ne va plus chez le médecin à cause de leurs interrogations.

Combien d'années que tu le fais ?

En seulement deux enjambées, mon père s'approche de la blessée et elle essaye part tous les moyens de se protéger.

Combien d'années tu as osé baiser avec un autre mec ?

Sous mes yeux, il la tabasse de coup de pied. Elle tombe et tente de se protéger la tête de ses petits bras maigres. Elle pleure, je l'entends malgré les cris de mon paternel. Mon père n'a aucune difficulté à soulever ma mère. Depuis ses quelques années, ma maman ne mange plus, elle maigrit en continuant de dire qu'elle va bien.

— Tu as cru que tu allais me le cacher encore combien de temps ?

Il se penche et la soulève par le cou avec une main. Suspendue et les pieds dans le vide, elle tient les mains de son mari entre les siennes. Il sort son flingue et le pointe sur son crâne. Mon petit frère pleure et j'essaye par tous les moyens de le calmer.

Mon père n'a pas toujours été le monstre qu'il est devenu. Je me souviens de lui revenant à la maison le soir après le travail. Il s'installait sur le canapé et lorsque ma mère l'approchait, il l'attirait sur ses genoux. Elle riait et ils s'embrassaient. Je donnerais n'importe quoi pour retrouver ce temps-là. Nous étions heureux.

Cependant, tout a changé en un jour. La mort de notre petite sœur a en quelque sorte tout changé. Mon père était furieux au début, il criait beaucoup. Et il buvait, pleurait sur son sort. Puis il a commencé à boire encore plus.

Et puis un soir, ma mère a cassé un vase et il l'a giflée. D'une telle puissance. Je me souviens qu'il lui criait qu'elle gaspillait son argent. Elle pleurait en s'excusant. Le lendemain matin, tout ce qui s'était produit la veille fut comme si ça ne s'était jamais passé. Maman m'a dit que papa était malheureux, qu'il n'avait pas voulu lui faire de mal, que c'était juste un accident.

J'aurais voulu y croire. Mais ça a recommencé. Encore et encore. Et les coups se sont aggravés, devenant plus puissants à chaque jour qui passait. Les gifles sont devenues des coups de poing qui sont devenus des coups de pied. Elle avait des bleus presque en permanence et n'osait plus trop sortir. On a essayé de partir plusieurs fois. Mais il nous retrouvait toujours, et il nous ramenait. Et il demandait pardon, en promettant de ne plus recommencer.

Mais quand on arrivait à la maison, ça empirait. Sauf qu'aujourd'hui, les choses sont tout autre chose. Et je ne comprends pas ce qu'il se passe. Les pieds de ma mère se balancent toujours dans le vide et son visage commence à devenir sans expression. J'ai peur, autant que ma mère, je ne sais pas quoi faire.

Arrête, arrête ! Tu vas la tuer !

Affolé, mon petit frère attrape mon père en sanglotant. Ma mère manque d'air et il tente de tirer le bras de mon père. Il se débarrasse de lui d'une simple gifle et d'un seul coup. Tout dérape. Le cri hardant de ma mère percute mes oreilles. Son hurlement sort de ses gonds et ses pleurs sont cachés par son beuglement.

Le coup de feu est si fort qu'il m'a fait mal aux tympans et résonne en continu, sans s'arrêter. Mon frère s'effondre et le sang gicle de sa tête. Il y a beaucoup de sang. Plus que lorsque ma mère nettoyait le sien quand il la battait. Le sang forme une mare circulaire qui s'agrandit sans discontinuer. Elle atteint mes pieds.

PURSUED [terminée]Where stories live. Discover now