3 mois avant le choc...

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Ce que je vois face à moi me stupéfait...

Bien malgré moi, je plonge quelques instants dans mes pensées. Retour en arrière...il y a 3 mois en Juin dernier...

Je suis future étudiante à l'Université de la Sorbonne, à Paris (oui je dis future, du moins j'espère, ça dépendra des résultats qui doivent tomber dans quelques heures). Je ne sais pas à qui ça fait le plus peur... à moi ou à mes parents... on verra bien. Tout lâcher, mon village, mon cher village où j'ai grandi, où j'ai connu mes premières joies et mes premières peines. Où j'ai tous mes repères, ma vie en somme.

Ici je connais presque tout le monde et presque tout le monde me connaît. Avoir grandi dans un village, c'est vrai que c'est une qualité de vie agréable, voire même très agréable, mais bon sang, combien de fois je me suis surprise à rêver d'ailleurs !?
J'ai tout ce qu'il faut pour être heureuse ici mais il faut que je fasse mes propres expériences.

Alors quand j'ai fait mes vœux pour la fac, j'avais le choix pour une université à quarante minutes de la maison et une autre à Paris. J'ai choisi la seconde option. Mes amis et ma famille n'ont pas compris au début pourquoi je voulais partir. Puis ils ont compris que ce n'était pas pour m'éloigner d'eux, mais c'était pour me trouver moi.

Mais aujourd'hui est un grand jour; résultats du Bac. J'ai des points d'avance mais on ne sait jamais... Toujours ce petit doute qui titille. J'avoue que je suis un peu sur les nerfs depuis ce matin, beaucoup même. Ma mère est encore plus anxieuse que moi ce matin, elle me tape un peu sur le système je dois dire, elle me communique tout son stress. Elle ne m'aide vraiment pas là...

- Maaaaaman!!!! Je sors ! Je vais rejoindre Béa et Ju à la cafet' en face du Lycée. Je t'appelle dés que j'en sais plus ok?!

- Elsy? tu as ...

Le temps qu'elle finisse sa question, j'étais déjà dehors et je m'éloignais en courant pour attraper le bus n°7.

J'ai couru pour l'avoir ce satané bus, une fois dedans je me calme comme d'habitude en plongeant les yeux au-delà des fenêtres pourries (il faut le dire) du bus et en mettant mes écouteurs. J'écoute une compil mp3 faite spécialement pour moi par Béa; on a les mêmes goûts... c'est top!

Le bus est bondé, en face de moi un garçon plutôt mignon... Zut... prend place et esquisse un sourire léger. Je dis zut parce qu'aujourd'hui plus que d'habitude, je ne suis pas à mon avantage. Pas eu le temps de me coiffer, ni d'effectuer quelques retouches maquillages et autres, et pour couronner le tout, un douloureux bouton d'acné dû au stress est sorti ce matin sur mon front. Tant bien que mal je tente de le camoufler avec ma frange. En trois mots, c'est un échec.

Ne sachant pas si le joli minois en face de moi me sourit ou s'il est juste interpellé par ma dégaine négligée, je préfère l'ignorer, pas envie de me payer la honte... pas aujourd'hui.
Je vais donc appliquer à la lettre la technique de l'autruche. Tête dans le trou, on ne me voit plus.
Je me cache derrière un livre que je commence juste "les gens heureux lisent et boivent du café". Je suis pour ainsi dire absorbée par ce bouquin.

En plus avec les mecs, je ne sais pas pourquoi, mais je ne sais vraiment pas y faire, ma vie sentimentale était plate comme une limande jusqu'à quelques mois en arrière. Puis tout s'est accéléré d'un coup.

J'ai attendu, encore et encore que quelque chose se passe dans ma vie amoureuse. Et d'un seul coup, d'un seul, il y a eu Yoan, puis Sébastien s'est mis à me tourner autour, et Olivier s'est mis à tenter des rapprochements... J' ai halluciné sans rien comprendre, même mes amies en rigolaient.

Avec Yoan ça a duré quelques semaines et j'y croyais, mais il y a eu un coup dur, celui qu'on a envie d'effacer... Celui qui peut vous briser ou vous rendre plus forte. C'est peut-être aussi un accélérateur de mon départ je dois dire, un catalyseur...

Soyez seule, vous restez seule, soyez en couple et les mecs s'affolent. C'est à n'y rien comprendre. Rien.

Après quinze minutes de trajet qui sont passées très vite grâce à ma lecture, je retrouve Béa et Ju mes deux meilleures amies à la cafet', notre spot de retrouvailles après les cours et pendant les interclasses. On y mange un kebab ou un américain et un brownie avec supplément chantilly. Oui, il faut bien ça pour tenir face à Madame Mouraret la prof de mathématiques.

Tiens, on dirait qu'il y a aussi Yohan mon ex et Sebastien, en fait je crois que tout notre Terminale 2 est là... à attendre les résultats.

La tension est palpable. Stress, gêne. Yoan et moi échangeons un regard furtif. Bordel, je n'aurai plus à supporter ça bien longtemps. Enfin je l'espère.

Midi, on y est!!! La surveillante ouvre les grilles, on se précipite vers les panneaux en tremblant. Enfin, je décroche mon téléphone:

- MAMAAAAAAAN, c'est bon, je l'ai!!!

Évite Moi, si tu peux... (Terminée) Donde viven las historias. Descúbrelo ahora