Évite Moi, si tu peux... (Terminée)

En apnée

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là, couchée par terre. Cinq minutes? Vingt? C'est incroyable de voir à quel point notre esprit peut perdre la notion du temps qui passe.

J'ai entendu des cris, et cela m'a sortie de ma torpeur. Je me relève et quitte abruptement le sol.  Il faut que je sorte d'ici. Il faut que je me protège. Je dois essayer.

Je reprends mes esprits pour analyser la pièce dans laquelle je suis. Il y a un vieux bureau, et une vieille armoire rouillée en métal. Tout cela doit avoir trente ans, si ce n'est plus.

J'essaie de lever l'un ou l'autre pour bloquer la porte et sécuriser cette petite pièce, en vain. Tout est beaucoup trop lourd et malgré toute l'énergie déployée, je n'arrive à déplacer le bureau que d'un centimètre ou deux. L'armoire, quant à elle, semble scellée dans le sol.

Je commence à me résigner. Je ne sais pas ce qui va se passer. En quelques minutes je ressens des sentiments totalement contradictoires et assez violents, menant de l'espoir au désespoir le plus total. Si personne ne m'entend, si personne ne vient...si personne ne vient.

Je m'assieds sur le bureau et cette posture me fait penser à Ethan.
Tout ce qu'il a pu me dire me revient tout à coup, il m'a prévenue depuis le début. Je n'ai pas su le comprendre, trop aveuglée par tout ce que je vivais, trop occupée à décrypter mes émotions.

Je soupire et tandis que je tente de me réchauffer, je glisse mes mains dans les poches de ma veste.
Ma main agrippe comme par réflexe un petit papier froissé en boule.
Je le déplie soigneusement pour voir de quoi il s'agit. C'est bête ce qu'on peut s'attacher à des détails quand on vit quelque chose comme cela.
La moindre petite chose peut prendre une grande importance, et toute notre attention se trouve alors focalisée, ou détournée de l'instant présent.

Immédiatement, je reconnais mon écriture. C'est un poème que j'ai écrit en pensant à Ethan, en m'interrogeant à notre sujet. Je n'écris jamais mais là, j'en avais ressenti le besoin, je ne me l'explique toujours pas.

"Ils se regardent                                         
Les yeux brillant de cette lueur           
Cette lueur qui, à l'unisson, fait battre leur cœur                                                                                                      
Cette notion indescriptible                     
Ce besoin irrépressible                             
Ce sentiment inaccessible                                         

Ils se désirent            
Mais le doute et la peur s'immiscent   
Ne laissant que des cœurs factices       

                                                   
Incompatible                                               
Peut-être même inadmissible,               
Pourtant il n'y a rien de plus compréhensible                                         
Rien de plus imprévisible   

Rien de plus irrésistible que l'amour"

Le fait de le relire m'arrache un sourire timide mais réel.
L'espace d'un court instant, je ressens une maigre consolation, une vague sensation de réconfort à laquelle j'ai désespérément besoin de m'accrocher.

Soudain, un brouhaha conséquent se fait entendre de l'autre côté de la porte.
Il y a de l'agitation.
Je sens la pression m'envahir, mon rythme cardiaque s'accélère, je suis dans l'expectative.
Mon corps tout entier est soumis aux pulsations rapides de mon coeur.

J'entends des bruits de pas éloignés, puis de plus en plus proches.

Je suis presque en apnée...

On vient dans ma direction.

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Un grand merci à LagiMK, pour la composition du poème écrit par Elsy.

Elle a su cerner les sentiments en jeu et les exprimer avec délicatesse.
Cette jeune fille de caractère au talent évident écrit des poèmes sur Wattpad, n'hésitez pas à aller y jeter un œil!