Évite Moi, si tu peux... (Terminée)

24h

Jeudi matin.
24 h ont passé depuis notre baiser.
24h de doutes et de craintes sans nouvelles de lui.
Je ne peux pas le contacter. Dans un sens c'est peut-être pas plus mal.
Dieu seul sait ce que j'aurai dit si j'avais pu lui parler hier soir.

Je me lève et me prépare pour aller bosser à la BU. La semaine prochaine il y a des partiels. Je suis en retard sur mes révisions et cela ne me ressemble pas. Je dois me ressaisir.
J'en ai presque oublié pourquoi je suis ici. Pourquoi je suis à la Fac.

J'attrape mes écouteurs, j'essaie de faire rentrer mes bouquins dans mon sac. J'y serai de 8h à 10h avant mon cours de génétique.

Arrivée devant la BU, mon cœur bat la chamade, et plus encore.

Il est là, et avec lui, une fille et un gars. Rectifications... ce n'est pas une fille, c'est LA fille de la dernière fois. Celle qu'il a embrassé devant moi...
Je le regarde avec insistance, je lui sourie.
Il continue de leur parler, il ne s'interrompt pas. MERDE, il n'assume pas.

Je marque un temps d'arrêt. Je ne m'attendais pas à un effusion de sa part ou à une démonstration amoureuse, j'attendais juste une infime marque de considération, qui ne vient pas.

La fille, une belle fille aux cheveux couleur auburn, longs et ondulés, rie éperdument de ses blagues et ça me fait mal dans un sens. Elle finit par lui attraper la mâchoire entre ses doigts, lui murmure quelque chose et finit par lui glisser un baiser furtif qui dévie sur le coin de ses lèvres.

Il s'est laissé faire. Il n'a rien dit. Pas de geste de recul. Rien.
Waouw... je me prends une claque monumentale.

Cet instant ne dure que quelques secondes, et pourtant, tous les conseils de Julie et Béa me reviennent de plein fouet dans la tête.

Je respire un coup et je relève la tête. Trop tard pour faire demi-tour.
Là, tout de suite, j'ai envie d'être chez moi, dans ma province, dans ma maison, à l'abri de tout ça.
Je me demande ce que je suis venue foutre ici. Avant c'était plus simple, avant, je n'en souffrais pas.

Mais je ne serai pas cette fille là.
Cette fille qui attend toujours dans l'ombre. Cette fille qui passe au second plan.
Je ne l'attendrai pas. Pas moi. Pas lui.

Je pousse le son de mon mp3 - "Jax Jones - You don't know", ça colle parfaitement à la situation. Après tout ce mec, il ne me connaît pas. Je ne le connais pas.

Je m'assieds dans un coin, et j'essaie de me plonger dans les cours. J'éprouve une incroyable difficulté à me concentrer mais au bout de 30 minutes, je finis par enfin comprendre le sens de ce que je lis. J'essaie de poursuivre et de me replonger dans mes notes, quand soudain il s'assied à ma table.

Il me prend mes notes et commence à m'interroger comme si de rien n'était sur mes écrits.

- Alors Elsy, ça te plait?

- Qu'est ce qui me plait Ethan? Les cours ou ta façon de te foutre de ma gueule? (Je n'en reviens pas d'avoir dit ça)

Il ne dit rien. Il fronce les sourcils, son air interrogatif me surprend.
Il ne comprend même pas de quoi je parle. C'est pire que ce que je pensais.
Je brise ce silence gênant en poursuivant:

- Tu sais, j'ai compris ton petit jeu, je ne suis qu'un trophée de plus pour toi.
Je suis un numéro sur une liste, une fille de plus dont tu ignoreras le prénom dans quelques semaines... alors rends-moi service, oublie moi et vas-t-en.

Pendant que je prononce ces derniers mots, je rassemble mes affaires pour pouvoir partir rapidement.
Tout ça, ce n'est pas moi.
Je sais que je ne tiendrai pas longtemps sans craquer. Je ne veux pas pleurer devant lui.

- Laisse moi t'expliquer Elsy. Ce n'est pas ce que tu penses... Il chuchote de peur qu'on l'entende tandis que je lui coupe la parole.

- Je crois que je n'ai pas envie de savoir Ethan. Tu as tes secrets, j'ai les miens. Je préfère qu'on en reste là.

- Elsy...

- Au revoir Ethan. dis-je en me levant.

-  Au revoir... Elisabeth.

Je me dépêche de sortir et des larmes ruissellent déjà sur mes joues.

Je marche face au vent sans savoir où je vais. Je marche un peu au hasard, pour une fois je veux me laisser porter, sans réfléchir. Me retrouver...tout simplement.