L'Alchimie

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Il me retient par le bras et m'attire vers lui d'un geste sûr.
Toute cette scène se passe en une fraction de secondes, m'empêchant toute réaction en réponse.
Je suis spectatrice de ma propre passivité, comme détachée de mon corps.

De son autre main, il ferme la porte, nous coupant des regards indiscrets des étudiants qui patientent dehors, sûrement sa prochaine séance de cours.

- Il est sympa Julian? N'est ce pas?

- Attends, là...(le tutoiement s'impose de nouveau à nous), c'est pour parler de Julian que tu me retiens? C'est une blague?

- C'est bon, je peux y aller? Je suis libre?

- C'est comme ça que tu vois les choses? Tu te sens prisonnière? Je ne te retiens pas, Elsy. Tu as toujours été libre. Tu peux sortir si c'est ce que tu souhaites.

Et il désigne d'un regard la porte de la salle où nous nous trouvons.

Je suis terrorisée, mais je viens de passer les deux dernières heures à cogiter. Je m'étais dit qu'un jour prochain, quand j'en aurais l'occasion, je lui demanderais pourquoi il agit comme cela. Je ne pensais pas que l'occasion se présenterait aussi tôt.

- Je ne te comprends pas. Tu peux avoir toutes les filles que tu veux. Tu viens vers moi, puis tu me rejettes. J'ai parfois l'impression que tu prends plaisir à m'humilier. C'est le cas? Qu'attends-tu de moi? Que cherches-tu?

Il ne répond pas, se contentant de baisser la tête, à l'image d'un petit garçon qui aurait fait une bêtise.
Son silence en dit long et dure plus qu'il ne devrait.

- Que veux-tu Ethan? ma voix se fait presque autoritaire.

Devant ce silence insupportable, je me dirige vers la porte... quand soudain il me répond enfin:

- Toi, je te veux toi... Je suis incapable de savoir pourquoi. On ne se connait pas et pourtant je ressens cette alchimie entre nous. Je sais que c'est dingue et je ne me l'explique pas, j'ai beau lutter contre ce que je ressens, je n'y arrive pas...sa voix est un murmure, une fragile confidence .

Je manque de m'étouffer en entendant cela. Il m'attire vers lui une fois de plus. Et cette fois-ci je n'oppose pas de résistance malgré les réticences de mon esprit, mon corps ne m'obéit plus.

Il m'attrape par le cou, me détachant mon chignon au passage, et ses lèvres viennent embrasser les miennes avec une douceur déconcertante.
Je me laisse guider et lui rend son baiser plus ardemment. Je me laisse emporter par l'alchimie qui opère entre nous d'une façon évidente. Cet instant est comme suspendu dans le temps. Bon sang, c'est incomparable avec tout ce que j'ai pu connaître avant. Je vois enfin de quoi il s'agit quand on dit qu'on ressent des papillons dans le ventre. C'est donc ça.

Tandis que je suis dans ses bras, je sens sa fragrance. Il dégage un parfum à la fois raffiné et doux. Avec des notes épicées, vanillées et brutes. Ce parfum lui colle à la peau. Ce parfum, c'est lui.
Il est passionné, complexe, puissant et fragile en même temps.
Cette nouvelle perception que j'ai de lui me fait peur autant qu'elle m'attire. J'aimerai que ce moment dure encore et encore tellement ça me paraît irréel.

Nous sommes interrompus par un bruit, quelqu'un frappe à la porte. Je reprends mes esprits et me détache de lui, sous son regard désapprobateur.
Je pense qu'il doit se poser la même question que moi, que se passera-t-il après ce moment, après ces révélations ?

Il me tient la main, et tandis que je libère mes doigts des siens, nos doigts s'effleurent lentement jusqu'à ne plus se toucher.

Je le regarde et il essaie de lire en moi, mais je suis plus complexe que cela.

Je me sens libre, épanouie, libérée de mes frustrations, quand tout à coup, je ne peux expliquer pourquoi mais je suis submergée par l'émotion...
J'ai cette fameuse crainte du lendemain, comment réagir en le revoyant? J'essaie de me remémorer ce qu'il m'a dit et à quel point il essayait de réprimer ce qu'il peut ressentir à mon égard. Pourquoi tant d'efforts ? À cause de la relation prof-étudiante ? Ou pire, il a sûrement quelqu'un. C'est pour ça qu'il se cache...
Oh et puis zut, je vais devenir dingue, ce ne sont que des suppositions. Ce qui est certain en revanche, c'est que je suis dans la merde jusqu'au cou.

Un mauvais pressentiment pour le futur, notre futur. L'avenir me donnera t-il raison?

Pourra-t-il y avoir un "Nous"?

Évite Moi, si tu peux... (Terminée) Where stories live. Discover now