Ethan : "Je suis désolé"

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Je monte sur scène pour la première fois depuis longtemps avec une boule au ventre, du trac certainement.

Je me demande ce qu'elle fait, où elle est, et surtout avec qui elle est?
Cent fois j'ai écrit des messages que j'ai effacé par la suite.
Depuis deux semaines, je survis plutôt que je ne vis. J'ignore combien de temps je tiendrai comme cela, sans elle.

Mila m'a dit d'attendre, elle est persuadée qu'elle reviendra vers moi.
Et si elle avait tort?

Avec le groupe on commence à jouer "Heatens" et je pense à elle. Je regarde dans la foule, mais avec la lumière des projecteurs qui éclairent la scène, je ne peux discerner que les premiers rangs. J'imagine que c'est pour elle que je chante ce soir.
C'est comme si elle était là. J'aimerai tellement ressentir sa présence. La voir, là tout de suite.

Le concert était génial, notre groupe marche de plus en plus fort et nous avons dû faire plusieurs rappels. Comme d'habitude avec les mecs, on décide d'aller boire quelques verres avant de rentrer chez nous au petit matin.

On choisit un premier bar, avant de changer pour un bar ambiance super tendance et spécialisé dans le rhum. C'est un endroit où nous avons nos habitudes. On dirait la cave d'un vieux galion en bois. Des tonneaux de bois vieillis accrochés tout le long des murs du bar contiennent des rhums arrangés de toutes sortes. Un jour je viendrai ici avec Elsy, je lui ferai découvrir cet endroit que j'adore. Je m'y sens vraiment bien dans ce bar et leurs shooters sont fameux.

Le patron est devenu un ami et il nous laisse poursuivre la soirée bien après l'heure de fermeture aux clients.

On se salue avec les potes une dernière fois et il doit-être cinq heures du matin. Tout à coup, une voix féminine m'interpelle, je la reconnais immédiatement.

- Ethan? Je peux te parler s'il te plait? me demande-t-elle avec une voix  anormalement chevrotante et timide.

- Lisa? Que fais-tu là?

- J'étais au concert, c'était super tu sais. Puis avec des copines, on a fait quelques bars du centre. Je te cherchais... me répondit-elle en baissant les yeux, elle a bu, c'est évident.

- Tu me cherchais? le ton de ma voix trahi ma surprise

- Oui, tu me manques Ethan...

Je reste silencieux, je ne sais pas quoi lui répondre, ce qui est certain, c'est qu'elle, elle ne me manque pas.

- Depuis quelques jours, je ne pense plus qu'à toi. Je me suis demandé ce qui me manquait dans ma vie, et j'ai compris. C'est toi. C'est nous. Oh, Ethan, ça fait longtemps que j'aurai dû te le dire, mais je n'osais pas. Je t'aime et je veux être avec toi, quoiqu'il advienne. Je t'aime tu comprends?!

Malgré les bruits de la rue, un silence pesant et écrasant a envahi notre atmosphère directe.

- Je..., euh... Lisa, je suis vraiment désolé... bafouillais-je.

- Après tout ce qu'on a vécu ensemble, je ne peux pas croire que tu as tout effacé. Dis moi que tu ressens toi aussi quelque chose. Dis le moi! crie-t-elle.

- Ecoute, Lisa, j'en aime une autre, je suis désolé, on ne choisit pas, cela s'est imposé à moi de plein fouet et je n'y peux rien. Je suis désolé, vraiment mais c'est comme cela.

- Tout ça pour une petite garce allumeuse?! Putain Ethan! Ouvre les yeux! Elle ne te rend pas heureux cette fille. Et elle est où là? Elle était là ce soir? Non, je vais te dire ce que j'en pense moi.
Tu te fais manipuler. Moi, je suis là et je t'aime et toi tu t'entiches d'une fille qui ne t'aime pas. Ah, elle est belle la vie, quelle ironie! elle rigole avec insistance, un rire forcé et malheureux s'empare d'elle.

Et si elle avait raison? Elle arriverait presque à me faire douter, la garce...

Elle se met à pleurer, son mascara noir a dégouliné le long de ses joues et on dirait une triste peinture, un clown sinistre. Elle a perdu toute fierté, toute dignité pour finalement se jeter à mes pieds, par terre.

J'ai maintenant pitié d'elle. Je ne peux pas la laisser dans cet état, j'essaie de la relever. Elle pleure maintenant à gros sanglots, peinant à reprendre sa respiration.

Nous passons presque deux heures à parler ainsi.

 - Lisa, calme-toi. Je te l'ai dit, je suis désolé, je n'y peux rien. On a eu des bons moments ensemble, mais il faut que tu comprennes.

- C'est toi qui comprends rien! me hurle-t-elle. Je vais me foutre en l'air tu comprends? Je vais me foutre en l'air! Ça va régler tous tes problèmes.

- Qu'est ce que tu racontes Lisa?! Tu n'es pas toi-même, je vais te raccompagner.

Elle est hystérique et ses dernières menaces me font flipper. Elle n'est pas dans son état normal.
Le temps que je me retourne pour réfléchir à tout cela, elle s'est saisie d'une plaquette de cachets, des somnifères certainement, et elle a commencé à les porter à sa bouche.

- Crache ça tout de suite! Lui ordonnais-je d'un ton sec.

Pas de réaction. Je la secoue plus fortement en la tenant par les épaules.
Elle me regarde le regard vide, inexpressif et s'exécute, crachant au sol quatre comprimés.
Je lui prends le reste de la plaquette ainsi que la boîte qu'elle avait dans ses mains. Il s'agissait bien de puissants somnifères.
Je commence à mesurer l'état de détresse dans lequel se trouve Lisa. C'est triste, je n'aurai jamais pensé vivre ça avec elle un jour.

Je culpabilise car je ne peux pas la laisser seule dans la rue dans cet état. Même si je me sens dépassé par sa déclaration, je ne peux pas lui faire cela... J'entreprends de contacter un ami à elle tout en la ramenant chez moi pour ne pas la laisser seule.
C'est bon, il viendra la chercher tout à l'heure. Je lui donne rendez-vous chez moi.

On emprunte les transports en commun, car Lisa ne tiendrait pas deux minutes sur ma moto.

Je décide donc de la ramener à mon appartement, le temps qu'elle se remette un peu de tout cela et pour la savoir en sécurité.
Quand elle aura recouvré la raison et ses esprits, je lui expliquerai de nouveau ce qu'elle n'a pas voulu entendre tout à l'heure. J'aime Elsy et elle devra comprendre que rien n'y changera.

Il est presque huit heures, après avoir traversé la ville en métro et à pieds, nous arrivons enfin devant la porte de mon immeuble. Nous avons beaucoup parlé et elle se sent vraiment mal.
Ce n'est plus la Lisa que j'ai connu. Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. On dirait une petite créature fragile. Je suis même obligé de la soutenir par la taille pour ne pas qu'elle chute.

Je lui propose de monter quelques minutes, le temps que son ami vienne la chercher chez moi.

Je ne pense plus qu'à elle désormais... Elsy, quand vas -tu enfin revenir vers moi? Quand vas-tu enfin me revenir?





Évite Moi, si tu peux... (Terminée) Место, где живут истории. Откройте их для себя