Six semaines plus tard...

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Six semaines ont passé depuis ce jour à l'entrepôt. Ethan a eu une discussion avec Julian quand il est revenu à lui et il a exigé de lui qu'il parte immédiatement, et ne revienne plus jamais ici.
S'il n'était, ne serait-ce que tenté de m'approcher ou de me contacter, une plainte pour enlèvement et séquestration serait déposée à son encontre. Il a déjà recueilli plus de témoignages que nécessaire.

J'avoue que l'idée de le savoir loin de moi, et tenu à distance me rassure énormément. Et je me sens protégée avec Ethan, plus protégée que je ne l'ai jamais été.

Lui et moi, avons décidé d'être discrets sur notre relation, au moins jusqu'à la fin des TD. Qu'on ne puisse rien nous reprocher.

Six semaines déjà qu'on sort ensemble et que je me sens bien avec lui.
Nous n'avons pas reparlé de sa déclaration, nous contentant de vivre pleinement notre relation sans analyser nos émotions.

J'ai eu peur de sa réaction quand je lui ai avoué que je n'avais jamais franchi le pas. Que malgré plusieurs occasions, je n'ai jamais voulu aller plus loin avec un garçon.
J'ai bien eu quelques expériences, mais jamais en allant jusque là...
Peut-être que c'est en partie la faute de tous ces livres que je lis depuis toutes ces années...
Julie me dit souvent que je suis une incorrigible romantique et que j'attends une combinaison d'éléments parfaits, alors que je sais pertinemment que la perfection n'est que chimère.
Et puis il faut dire que j'ai failli franchir le pas avec mon ex en terminale.
Je commençais à avoir des sentiments pour lui et je lui faisais confiance. Mais voilà. J' ai découvert qu'il avait fait un pari. Je suis tombée sur un message qu'il avait envoyé à celle que je croyais être mon amie, Valérie. Il lui disait qu'il allait gagner le pari dans les prochaines quarante huit heures. Il avait ajouté, apporte tes cinquante euros.

Bordel, cinquante euros. Je croyais ne jamais m'en relever. J'ai loupé un mois de cours, je ne mangeais plus, j'ai perdu cinq kilos en un mois.
Peu à peu, j'ai refait surface, à force de volonté et de rage, j'ai repris du poil de la bête. Je me suis accrochée à une chose bien précise que je me répète encore aujourd'hui :"Ce qui ne me tue pas, me rend plus forte".

Je dresse le constat suivant depuis quelques temps: je me voile la face pour accepter une réalité qui est toute autre.
Rien ne se passe jamais comme on le voudrait.
Par peur de la déception, j'ai trop souvent reculé l'échéance.

Quand je le lui ai appris, il a gardé le silence, s'est passé plusieurs fois la main dans les cheveux.
Puis il m'a regardé et m'a dit d'un air moqueur et tendre à la fois:

- Ne t'en fais pas pour ça, bébé, je suis ton professeur après tout... je t'apprendrai.

Puis nous avons ri ensemble, ça sonnait tellement "cliché " dans sa bouche, que ça m'a détendue immédiatement.
C'était la première fois qu'il m'appelait "bébé", je sais que c'était pour se moquer de tous ces autres couples qui se donnent des petits surnoms... il m'a dit qu'il trouvait cela ridicule alors que moi ça ne me déplaisait pas. De fil en aiguille, c'est resté et il a continué à m'appeler comme ça. Et je dois dire que l'entendre prononcé par lui, c'est vraiment quelque chose.
Puis, plus sérieusement il m'a dit qu'on attendrait que je sois prête et je pense qu'il était en réalité flatté dans un sens que je le choisisse lui.
Savoir que je n'ai jamais été convaincue avant lui, qu'il sera le premier à me faire explorer de nouvelles sensations, lui apporte une satisfaction évidente, presque une fierté.

Moi qui avais peur de sa réaction, il m'a encore surprise par sa compréhension de mes craintes.

Je passe une bonne partie de mes soirées chez lui. Pour ainsi dire dès que mes cours sont finis.
Il m'a même donné la clef de son appartement pour que je puisse l'attendre en son absence.
J'ai d'abord refusé, puis devant son insistance, j'ai fini par accepter.
Mais je ne m'y rends que quand il est là. Je ne veux pas y aller en son absence, c'est comme cela et il le sait.

Depuis quelques jours par contre, je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression qu'il est différent. Plusieurs petits éléments convergent en ce sens...

Tiens, comme cette histoire de travail collectif...

Je dois faire un exposé de groupe en géologie. Nous sommes quatre et je suis la seule fille. C'est le professeur qui a réparti les groupes.
Quand Ethan a appris ça, il s'est tendu immédiatement. Je l'ai rassuré, quelques séances de travail collectif n'ont jamais tué personne...

- Et c'est qui ces mecs? Tu les connais? Me demande t-il soudain

- Non, on a parlé deux ou trois fois ensemble c'est tout. Ma réponse se veut franche et directe.

- Tu n'as pas eu ton mot à dire hein? Souffle t-il.

Je hausse les sourcils pour seule réponse. Je ne vois pas quel est le problème.

Il surenchérit:
- Et où allez-vous bosser?

- A la bibliothèque, certainement...

- Certainement? Il insiste sur ce mot comme si je lui cachais quelque chose. Avant de poursuivre...

- Qui c'est ton prof? Je pourrais lui...

- N'y pense même pas. Je le coupe devinant ses intentions.
Je marque un temps d'arrêt avant de le questionner à mon tour:
Quel est le problème Ethan?

- Le problème c'est que tu es naïve. Je sais parfaitement ce que des mecs de cet âge là peuvent avoir en tête avec une fille comme toi dans les parages.

- Je crois que tu exagères un peu là... je n'en reviens pas qu'il prenne aussi mal les choses.

- Promets moi de ne pas trainer avec eux s'il te plait. Quand tu sors de la BU, rentre directement.
S'il te plait. Dis le moi, bébé.

Je savais que je faisais une bêtise en rentrant dans ce jeu là et pourtant j'ai acquiescé en cet instant précis.
Le sentant tellement malheureux et mal dans sa peau.
Ma réponse positive l'a soulagé immédiatement tandis que je ressentais du mal être à mon tour: la théorie des vases communicants certainement...

Évite Moi, si tu peux... (Terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant