Évite Moi, si tu peux... (Terminée)

Rejoins-moi

Onze heures du matin.
On sonne à la porte.
Cette sonnerie presque aussi stridente que celle de mon portable m'a sortie de mes rêveries.

- Oui?

J'ouvre et c'est un jeune homme qui me fait face. Il tient dans ses mains un superbe bouquet de roses rouges.

Je le remercie pour cette livraison inopinée et je referme la porte sur son passage.

Accrochée sur le plastique brillant qui enveloppe les fleurs, une carte marquée à mon nom.

Je suis trés surprise car en général je ne reçois des fleurs de mes parents que pour des grandes occasions.

Tout est écrit à l'ordinateur, mon prénom, le petit mot... cette note plutôt impersonnelle m'étonne, c'est vrai.

"Rejoins moi ce soir à 19h30 au Winter - 9 rue de Neffies. Il me tarde de te voir"

Mince alors... une chose est certaine: mes parents ne m'ont pas envoyé ce bouquet.
Pas de signature. Je tourne et retourne le petit papier jusqu'à le froisser entre mes mains.

Rien... aucun signe à interpréter.

Dans un reflexe vain, j'essaie de contacter le fleuriste mais il n'est pas autorisé à communiquer l'identité de son client.

Je n'en saurai pas plus... Qui d' Ethan ou de Julian a pu m'envoyer cela?

Je regarde sur mon portable et je cherche: " Winter- 9 rue de Neffies" c'est une galerie d'art branchée et sur trois étages, qui est en plein Paris.

C'est ouvert depuis peu de temps et ce soir il y a une soirée VIP avec le vernissage d'une exposition d'une certaine "Mila"

Je ne sais pas lequel des deux a pu m'envoyer ça? Et si j'y vais ce soir, qui ai-je vraiment envie de voir? Je suis incapable de répondre à cette question dans l'immédiat.

J'appréhende de demander à Julian s'il en est l'expéditeur car si ce n'est pas lui, cela va créer une tension évidente entre nous et je n'ai vraiment pas besoin de cela en ce moment.

Je passe le reste de la journée à imaginer les scénarios possibles en fonction de la personne que j'aurai en face de moi ce soir.

Je me décide à y aller et je change d'avis à de nombreuses reprises avant de finalement me préparer tout de même pour ce soir.

Je m'apprête rapidement, j'assemble tant bien que mal un pantalon noir avec un chemisier en soie blanche, une veste noire fera l'affaire. Je me relève les cheveux avec deux épingles, le strict minimum sur les yeux et une pointe de gloss rose clair.

J'envoie un texto à Julie: "Je sors, ne m'attends pas. j'espère que tout se passe bien. bisous"

Je vais devoir trouver comment me rendre au Winter et l'expédition commence dans le métro Parisien, je suis perdue dans une foule qui se déplace presque en courant dans les allées et les escalators. C'est vraiment quelque chose de spécial et je me sens en "décalage" dans cet univers là.  Au milieu de la foule, quelques touristes s'arrêtent pour photographier les gens, une personne crie, elle vient de se faire voler quelque chose dans la plus grande indifférence.

C'est ça aussi, Paris.

Je finis par trouver le fameux établissement que je cherchais, il est flambant neuf et c'est magnifique je dois dire. La musique d'ambiance est moderne et originale et il y a encore une fois beaucoup de monde. Je reconnais pas mal d'étudiants, et même quelques profs de la fac.

Je me dirige vers le bar pour prendre un verre de vin, et je commence à arpenter les allées, découvrant les photos de l'exposition.

Soudain, je vois une photo d'Ethan en noir et blanc, il est immortalisé lors d'un éclat de rire. Cette photo c'est exactement l'image que j'ai de lui, insolent, fier et beau comme un dieu.

Je m'arrête quelques instants devant cette photo, et je suis persuadée que cela ne peut pas être un hasard.

Soudain, intuitivement, je sens une présence juste derrière moi.
Je me retourne, et ma surprise se lit alors sur mon visage.

Elle est là.

Miss Auburn, juste derrière moi, elle regarde attentivement le même cliché que moi, et tandis qu'elle continue à le fixer sans détacher les yeux de la photo, elle s'adresse à moi...

- Il est beau n'est ce pas? sa question n'est en pas une, elle connaît la réponse.

Mon silence ne la contente pas, elle poursuit:

- Tu as un moment ?

Je ne sais quoi lui répondre, je m'attendais à tout ce soir mais pas à cela.

Toujours en silence, elle me prend le bras comme pourraient le faire des amies, et nous arpentons les couloirs de la galerie. La soirée ne fait que commencer...