Oppression

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Lundi matin, j'ai dû dormir moins de quatre heures cette nuit. Insomnies et cauchemars...Je suis exténuée.

A fond dans mes écouteurs ce matin: "Be mine" de Ofenbach. Il me faut bien ça pour me booster et me sortir de cet état de léthargie dans lequel je suis.

Avec Julie, nous nous préparons pour cette longue journée de cours. On se trouve devant l'amphi où le premier cours se déroule.
J'essaie désespérément de me réveiller en prenant un café court au distributeur. Sans sucre, c'est infâme, mais ça a au moins le mérite de maintenir mes yeux ouverts. A tel point que j'en prends un deuxième tout de suite après, au cas où.

Nous nous asseyons dans l'amphi pour attendre le début du cours. Bizarre, il est plein. C'est bien la première fois que cela arrive depuis le début des cours.

Je me concentre sur les conversations des filles autour de moi, elles sont au summum de l'excitation: devinez un peu qui fait le cours ce matin?! Ethan CROW...

Leur réaction et leur excitation palpables me font bouillir intérieurement. En cet instant je me sens profondément jalouse, j'ai envie de leur répondre qu'il est déjà pris, et j'aimerai leur montrer que...

Leur montrer quoi? Rien, je n'ai rien à montrer, il ne se passe rien finalement entre nous.

Discrètement je remonte les rangs de l'amphi pour me trouver loin de l'estrade et proche de la sortie. Julie me suit, elle comprend ma démarche sans parler. C'est pratique pour cela une meilleure amie.

S'en suit un brouhaha conséquent, ça y est, il est là. Comme d'habitude il fait sensation dès qu'il rentre.

Le cours commence et je sens que ça va être long...

Il prend possession de l'immense bureau en bois qui est situé sur l'estrade. Il s'assied dessus, c'est dans ses habitudes, et il commence à expliquer le cours du jour.

Il balaie l'amphi du regard, je suis persuadée qu'il me cherche. Pourquoi est-ce que je me sens aussi mal? Cette impression de l'avoir trahi, alors que je n'ai rien à me reprocher.

J'ai envie de savoir pourquoi il n'est pas venu hier soir, mais rapidement je chasse cette idée de mon esprit.

Merde... il a pris le micro sans fil, et il se déplace dans l'amphi. Lentement, il remonte l'allée centrale tout en continuant à parler.
Il se rapproche de nos rangées sous les regards pesants et omniprésents des nombreuses étudiantes de l'amphi.

En quelques secondes, je suis totalement déstabilisée. Je ne sais plus ce que je fais.

D'un geste brouillon je replie toutes mes affaires de cours, je prends ma veste au vol et je sors par la sortie latérale. Cet endroit stratégique était bien trouvé.

Dehors, je respire de nouveau. Je me sens enfin mieux.

Une question me traverse néanmoins l'esprit: mais qu'est-ce que je craignais au fond?

Julie m'envoie un texto pour savoir comment je me sens.
Je lui indique que j'avais besoin de sortir prendre l'air, que je l'attendrai à la cafétéria. Je lui demande de rester et de prendre en note les cours. La matière est importante pour nous et il nous faut ce cours absolument.

Une fois de plus, je marche sans comprendre pourquoi avec lui, c'est différent.

Je passe les journées qui suivent à essayer d'éviter Ethan, son groupe et les endroits qu'il fréquente.
Miraculeusement ma technique fonctionne même si je dois dire que j'ai l'impression d'être une fugitive.

Une fois n'est pas coutume, je ne me présente pas au TD du mercredi matin. J'ai demandé à Mathew de m'excuser et de dire que j'étais souffrante.

J'ai expliqué à Julian que j'étais très préoccupée par les examens à venir et que je préférais m'isoler pour cela jusqu'à mercredi soir, où je m'accorderai enfin une pause.

Tu parles d'une distraction.

Presque quinze jours ont passé.
Avec les vacances et les révisions, j'ai pu échapper aux derniers TD avec Ethan. Julie m'a pris les cours, ce qui m'a évité une confrontation supplémentaire.

Avec Julian, jusqu'à présent, tout se passait relativement bien. Nous avons une certaine complicité, mais je ne suis pas amoureuse de lui. Cela me fait mal de l'admettre, mais je pense encore à Ethan.

Julian est toujours prévenant avec moi, mais depuis quelques jours, il a changé, il est devenu insistant voire possessif parfois. Il me reproche d'être plus distante ces derniers temps, il est entreprenant, bien trop à mon goût et je n'ai pas eu envie d'aller plus loin avec lui dans notre relation. J'ai bien senti que ça l'a vexé, mais je ne peux pas me forcer. J'en suis incapable.

C'est vrai que je me pose pas mal de questions. Je n'arrive plus à discerner ce que je souhaite vraiment. Peut-être qu'il faudrait faire une pause, juste pour souffler un peu.

Je décide de parler à Julian, j'ai besoin d'un peu de temps pour réfléchir. Ce soir et demain, nous avons prévu d'étudier avec Julie pour les partiels. Mais mercredi soir, je n'ai rien de prévu.

Je lui envoie un message pour savoir s'il est disponible ce soir-là?

Sa réponse est rapide, il passera me chercher à vingt heures puis nous irons quelque part manger un morceau.

Je m'en veux de peut-être foutre en l'air un début de relation avec lui, mais ce n'est pas honnête de ma part de ne pas lui parler.

La journée se termine plus vite qu'elle n'avait commencé. Julie approuve mon idée de parler à Julian.
Elle trouve que depuis quelques temps je ne suis plus moi-même.
Je ne suis plus cette jeune fille pétillante à la joie de vivre exacerbée.

Ça sonne, c'est Julian. Je m'apprête à le rejoindre avec une boule au ventre, je ne sais pas exactement quoi lui dire, ni comment le lui dire.

Nous nous embrassons et nous quittons la cité universitaire pour partir en ville, un copain à lui donne une fête. Il veut absolument y aller.
Ce n'était pas ce à quoi je pensais, mais il ne me laisse pas vraiment le choix. Nous partons et nous enfonçons dans la ville.

J'ai comme un drôle de pressentiment tout à coup. Je me sens mal.

Évite Moi, si tu peux... (Terminée) Where stories live. Discover now