Le Café

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" Il n'y a pas d'amour heureux, mais c'est notre amour à tous les deux." Louis Aragon

Sa réaction de l'autre jour m'a laissée pantoise.
Ne me fait-il pas confiance?

Je commence à me le demander sincèrement.
Nous venons de terminer la rédaction de l'exposé et tout s'est bien passé.
Pas de crise de jalousie de "Monsieur" en vue.
Les trois mecs sont plutôt sympa et un d'entre eux propose même qu'on boive un café tous ensemble à la cafet' pour marquer le coup.

Je sais que j'avais promis à Ethan de rentrer directement mais bon... il n'y a rien de mal à cela. Un café reste un café.
Nous allons donc nous installer sur une table haute. Et nous parlons de tout et de rien, soulagés d'avoir fini notre écrit.
Au bout d'une heure (le temps passe si vite) je me rends compte que mon portable est resté sur silencieux.
J'ai trois messages d'Ethan. Merde.

Je commence à pianoter sur mon portable pour lui dire que tout va bien quand tout à coup j'entends un bruit de moto qui vrombit à proximité.
A travers l'immense baie vitrée de la cafet', je reconnais tout de suite sa cylindrée. Je le vois en descendre... il en impose c'est évident.
Il est tout de noir vêtu et les filles se retournent sur son passage.

Il fonce vers nous, notre table se fait tout à coup silencieuse.
Il m'embrasse là, devant tout le monde. Mais pas un petit bisou rapide et furtif. Un de ceux qui vous laisse les jambes en coton, qui pourrait vous faire tomber de votre chaise, là, tout de suite. Tu parles de discrétion!?

Non que ça me déplaise, il embrasse divinement bien, et il sait qu'il me perturbe à chaque fois au plus haut point.
Mais là, c'est différent.
Un peu comme s'il voulait afficher aux yeux de tous que je lui "appartenais".

Je suis surprise par cette démonstration possessive et je m'enfonce un peu plus dans ma chaise afin d'essayer d'oublier tous les regards qui nous fixent.

Lui n'est pas gêné, au contraire.
Moi qui craignais à l'époque qu'il n'assume pas, là c'est tout l'inverse.
Il va même jusqu'à se présenter en serrant les mains des trois membres de mon équipe de travail.

- Salut les gars, moi c'est Ethan. Je suis le mec d'Elsy. Ça se passe bien votre exposé? Et il poursuit dans des futilités théoriques, rappelant au passage qu'il enseigne ici.

Les trois garçons sont un peu gênés, mais pas autant que moi, ils répondent à ses questions avec application.

Je commence à le connaître. Il donne le change, en étant faussement détendu, faussement "cool".
Mais pourquoi devrai-je culpabiliser alors que c'est juste un café?

Il interrompt mes pensées en s'adressant a moi:

-On y va Elsy? Tu te souviens on est attendu.

On est attendu? Je ne m'en souviens pas, mais je prends le temps de remercier mes collègues et je prends congé, suivant Ethan qui m'a tendu un casque.

Les filles m'envient et j'entends murmurer sur mon passage.
Moi, je me demande bien ce qui lui a pris et comment il m'a trouvée.

En silence je monte sur la moto et cramponnée à lui, nous roulons jusqu'à chez lui.

A peine la porte d'entrée refermée, je brise ce silence insupportable.

- Ça va? Lui demandais-je.

- C'est à toi qu'il faut le demander, Elisabeth.

Waouh... la conversation s'annonce tendue...

- Tu ne me fais pas confiance Ethan? Ou bien, c'est toi qui n'as pas confiance en toi?

Ça c'est envoyé...Mais malgré tout, il répond aussi sec.

- Alors tu n'as toujours pas compris pas vrai? C'est en les autres que je n'ai pas confiance... Soupire-t-il.

- Qu'est ce que ça change si tu as confiance en moi? Argumentais-je avec raison.

- Le problème n'est pas là. Tu n'as pas respecté ton engagement. Voilà tout. La discussion est close. Me dit-il sèchement.

- On parle d'un café Ethan, un malheureux café. Ma voix est désolée et teintée d'incompréhension.

- La discussion est close. Tout est dit. souligne-t-il.

- Parfait, puisque tout est dit, à bientôt Ethan.
Je me dirige rapidement vers la porte pour sortir et le laisser à ses divagations.

Il me rattrape et ferme la porte aussi sec, m'attrapant par la taille au passage. Il hésite un moment et se lance:

- Je suis désolé, bébé. (Il baisse la tête) Tout ceci est nouveau pour moi. Je pensais que ce serait plus facile... mais, te savoir avec d'autres types c'est compliqué pour moi.

J'acquiesce mais je suis contrariée. Je me dis que tout ceci est parti d'un café. Un foutu café.

Il me prend dans ses bras et il me serre contre lui. Je me dis que c'est notre première tension depuis le début. Ça va passer...je l'espère.

Évite Moi, si tu peux... (Terminée) Where stories live. Discover now